Actualités

1 MOIS : LE BILAN DU RETOUR

3 septembre 2016

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Déjà presque un mois que nous avons quitté les États-Unis et laissé derrière nous un patrimoine architectural du XXème siècle riche et fascinant. Nous retrouvons les ruelles françaises étroites, les petites voitures et la vieille pierre nous ramenant dans un héritage bâti bien plus ancien que celui que nous avons arpenté pendant le voyage. En 6 mois nous avons réalisé sur LOS ANGELES & DETROIT :

Réalisé

Puis, accumulé :

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Et enfin, parcouru :

Nous avons entamé le retour en triant ce que nous voulons vous montrer et nombreux seront les articles et photos qui restent à paraître sur le blog de The H Project. Vous n’avez par exemple pas encore entendu parler de notre visite des studios Warner Bros ou des Culver Studios ni de Hercules Campus ou encore des théâtres historiques de Downtown L.A. Sur Détroit il nous tarde de vous raconter le circuit d’assemblage de la Rouge Factory ou la transformation de l’usine Ford Piquette qui a vu la naissance de la Ford T, l’expédition risquée dans Packard Plant ou enfin la visite des bureaux et de la manufacture de Shinola.
Et puisqu’il est évident que des dessins en disent davantage que 1000 mots, nous nous attaquons à la traduction de certaines données urbaines en plans afin de poser un visuel sur des chiffres.

Nous ferons également une parenthèse sur les parcs nationaux, patrimoine naturel des États-Unis. Alors évidemment, ils ne datent pas du XXème siècle, et c’est justement cela qui est intéressant lorsque l’on sait que les Américains valorisent ce qui est très ancien et que leur paysage est probablement ce qu’il y a de mieux préservé sur le sol US et ce dont ils sont le plus fiers.

Enfin, c’est une rentrée chargée qui nous attend en prise de contacts et en production car en dehors du blog nous serons lancées dans la préparation d’une exposition et d’une présentation de la 1e étape du projet. Un travail qui sera montré en novembre et que nous espérons très fortement voir se muer en conférence itinérante dans toutes les écoles d’archi de France.

En tous cas, passée la phase de rétablissement post expatriation, rien ne nous rend plus heureuse que de savoir que nous allons pouvoir partager avec vous tout ce que nous avons vu / fait / compris, toutes les connaissances que nous avons acquises sur le sol américain et ce qui nous a passionnées pendant ce voyage !

MERCI encore à vous de nous soutenir et de nous suivre et,
MERCI à toutes les personnes que nous avons rencontrées sur place, sans qui l’exploration n’aurait certainement pas été la même ! C’était une expérience inoubliable.

À très vite !

Actualités, Laboratoire d'Idées

LA PERMANENCE ARCHITECTURALE : PARLONS-EN

24 août 2016

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Le 16 octobre 2016, à l’initiative de l’agence Construire portée par Patrick Bouchain et Loïc Julienne, une centaine de personnes se sont réunies au point h^ut, une friche culturelle au service de la création artistique urbaine, afin de partager et échanger leurs expériences de « permanence architecturale ». Derrière cette terminologie se cache une envie d’architecture, une pratique, nouvelle ou pas, un outil qui va servir à construire en habitant et habiter en construisant.

En mai dernier, les éditions Hyperville avaient lancé une collecte via helloasso afin de financer une publication retraçant cette journée, les projets qui y ont été présentés et les discussions et débats qui en ont découlé. Voulant encourager cette initiative et curieuses dans savoir davantage, nous avions participé à la collecte et dévoré à notre retour en France début août le fameux graal.

Finalement la permanence architecturale c’est quoi? Pas facile de définir une pratique qui se défend d’être un modèle, sans quoi on risquerait « de la réduire, de l’uniformiser, de la contenir dans des cadres qu’elle tente constamment de faire exploser ». Le plus simple serait de saisir l’idée à travers les différents projets qui ont accueilli ces permanences. La publication va dans ce sens. Car si l’idée commune est de développer et d’accompagner la construction d’un projet et ses acteurs en étant en permanence sur le terrain, la mise en application reste adaptée à chaque étude.

Aussi si cette pratique est aussi diversifiée que les constructions et habitants quelle accompagne c’est qu’elle rappelle que chaque projet a trop de facteurs en jeux pour avoir une unique réponse de travail. C’est aussi l’occasion pour les architectes de descendre de leurs bureaux et de se confronter à la réalité sociale, constructive du chantier en amont, pendant et après, de dialoguer, médiatiser, argumenter en alimentant constamment une évolution de faire. D’être là lorsque tout prend sens.

Afin d’illustrer cela, nous souhaitons parler des universités foraines notamment celle de Rennes présentée dans la publication. En abordant des questions de patrimoine, de réactivation de lieux oubliés, et de positionnement politique ce projet pose les mêmes questions que nous. Dans cet exemple la permanence architecturale a pour but « d’ouvrir les champs des possibles quant a l’occupation du bâtiment. » Elle se positionne en hôte des lieux : une ancienne faculté des sciences, proposant d’être le « connecteur des différents acteurs du territoire. » Une expérimentation qui nécessite des actions et parie sur les citoyens. Ainsi elle permet de mettre en lumière leurs «  désirs de faire » qu’eux mêmes ont pu avoir du mal à exprimer. Dans ce bâtiment d’histoire, différentes structures cohabitent et continue de le faire vivre et d’ajouter des pages. Cela n’est pas sans rappeler la flexibilité et l’envie d’ouvrir les portes aux initiatives qu’offre le RIC à Détroit. À la grande différence qu’ici le commanditaire est public et non privé et le but non lucratif. Tout deux répondent pourtant à une même question : quel devenir pour les bâtiments patrimoniaux délaissés par manque de moyens?

Personne n’a dit que ça serait facile, et personne n’a nié que la pratique aurait ses détracteurs. En novembre 2015, lors des REESAP #2 qui se tenaient à Rennes, nous avions rencontré Sophie Ricard, architecte à l’agence Construire venue présenter la permanence architecturale qu’elle a mené à Boulogne pendant trois ans. Ce projet rentrait dans le cadre de sa HMO. A l’issue de sa présentation elle nous a confié ne pas avoir reçu son diplôme. Pour le jury cette permanence n’était pas de l’architecture, ou plutôt : ne correspondait pas à l’idée qu’ils se font du métier d’architecte.

Sans ranimer un quelconque débat sur l’évolution de la profession en cours et en devenir, on comprend que la permanence architecturale continue de questionner le rôle de l’architecte et sa relation avec les différents acteurs de la ville. « Elle brouille les frontières des missions de chacun, questionne les limites des compétences » posant de réelles questions de statut. Pourtant cette peur de précariser la profession, de ne pas être à sa place semble ne pas avoir de sens, car avant d’être architecte nous sommes tous citoyens.

On vous encourage à parcourir les liens affiliés à ce poste et à lire la publication d’Hyperville (nous avons un exemplaire disponible si vous souhaitez l’emprunter). Et pour conclure (sur un léger fond de rentrée électorale) nous citerons Patrick Bouchain : la permanence architecturale c’est tout simplement « la mise en œuvre d’un Etat démocratique dans lequel on devrait être. »

 

Pour aller plus loin:

____ La publication

____ L’université foraine de Rennes

____ Construire ensemble à Boulogne-sur-Mer

____ Le Russell Industrial Center

 

 

Actualités, Détroit

ENTREVUE AVEC L’ARCHITECTE DE DÉTROIT : ALBERT KAHN

16 juillet 2016

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Nous avons reçu le plus complaisant des accueils aujourd’hui chez Albert Kahn Associates : des livres de documentation, 1h30 d’interview en compagnie d’Alan Cobb président et CEO du groupe, Donald Bauman architecte et Paulette Bently coordinatrice marketing ainsi qu’une visite de l’agence, des archives et du célèbre Fisher Building. Rien que ça! Désormais l’oeuvre d’Albert Kahn n’a plus de secret pour nous.

Avec plus de 900 bâtiments construits rien qu’à Motown, Albert Kahn est incontestablement l’Architecte de Détroit. De la maison individuelle, aux industries automobiles en passant par le centre universitaire de Ann Arbor et les bâtiments publics, il a construit pour tous à toutes les échelles mais aussi dans divers styles. S’il est mondialement connu pour ses structures industrielles poteaux-poutres permettant une ouverture optimale en façade, il s’est également essayé à différents styles qu’il a su absorber de ses voyages en Europe.

Un éclectisme qui fait sa renommée ici à Détroit : le Detroit Athletic Club est de style renaissance, la Cranbrook House de style Tudor, le Temple Beth El est néo-classique et le Fisher Building parmi tant d’autres est de style art-déco. Un héritage incontestable qui nous rappelle que Détroit était autrefois très riche et plus influente que Chicago l’est de nos jours.

Polyvalente, l’agence couple depuis toujours ingénierie et architecture, progrès technologique et nouveaux programmes, structures innovantes et nouveaux usages. Aussi, presque toutes les industries automobiles de Détroit du début du siècle ont fait appel à Albert Kahn et cette architecture s’est exportée massivement jusqu’en Russie. Packard Plant, Fisher Body Plant 21, Russell Industrial Center, Highland Park Ford Plant, toutes de nos jours se réinventent un usage différent mais une seule unité architecturale les caractérise : une structure, des proportions, un même espace ouvert, filant et une seule lumière omniprésente.

Durant cette rencontre, nous avons autant abordé des questions sur la préservation historique que sur le renouveau de l’agence aujourd’hui, 120ans après sa création par A.Kahn. Nous avons discuté des destructions massives qui grignotent petit à petit la ville consumant son passé, du réemploi des matériaux, de la dépollution complexe des sites industriels ainsi que de l’engouement d’investisseurs internationaux pour Détroit qui, hormis le cas de Dan Gilbert, nous questionne sur pourquoi les Américains dénigrent tant cette ville. Un symbole trop brillant d’un passé que la future Amérique ne veut pas voir et continue d’ignorer.

Actualités, Détroit

NOTHING STOPS DETROIT : THE RUSSELL INDUSTRIAL CENTER

10 juillet 2016

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Les rendez-vous commencent à s’enchainer ici à Détroit : vendredi nous avons passé 2h en compagnie de Eric Novack senior project manager pour le Russell Industrial Center. En toute détente il nous a expliqué la dynamique créative et entrepreneuriale qui s’organise ici depuis plus de 16 ans dans un ancien complexe industriel dont il nous a ouvert les portes.

—-> http://thehproject.net/fr/russell-industrial-center/

Bâti sur 10ans de 1915 à 1925 par le génie industriel et “architecte de Détroit” : Albert Kahn, le Russell Industrial Center (RIC) qui n’arbore cette appellation que depuis les années 60, est implanté au croisement de multiples réseaux formant la connue Milwaukee Junction, ancien pôle automobile industriel très stratégique à Détroit.

Après avoir enchainé différentes activités industrielles et être passé de main en main, il est depuis plus de 16ans investi par des artistes qui ont transformé les open spaces lumineux traversants en ateliers plus ou moins individuels d’artistes. Depuis le rachat en 2003 du groupe Clay Street, la direction va dans ce sens louant différents types d’espaces à plus de 140 artistes, entreprises, artisans ou simples citoyens, la seule condition restant d’avoir une idée, un projet.

Le complexe n’a jamais fait l’objet d’une quelconque volonté de préservation historique ou de rénovation. Aucun architecte ou historien n’est intervenu sur le site qui, resté à l’état brut, écorché par le temps, semble crier au monde entier son histoire. La vraie démarche de conservation ici était simplement de le racheter évitant une démolition programmée et de le laisser vivre à ceux qui y voyaient un espace, une fonction potentielle. Certes ce n’est pas conventionnel, certes la division de l’espace initial est à discuter, mais le complexe continue à vivre, à produire et à contribuer à l’économie locale. La flexibilité fonctionnelle qu’offre le bâti depuis son édification permet d’enchainer les entreprises et diverses production et c’est ça qui fait la force de cet héritage et qui se ressent jusque dans ses façades véritables patchworks de matérialités composés avec le temps.

Si l’entreprise propriétaire défend une non tentative d’amélioration du bâtiment par un souci d’argent (business is business) on l’encouragerait presque à le revendiquer comme une nécessité pour garder son attractivité. Comprenez que le va-et-vient des entreprises profitant d’un tarif constant très raisonnable et le “laisser aller” ambiant ouvrent les portes à tous. Une souplesse de gestion à en faire pâlir de nombreuses villes européennes. Mais ici comme ils le scandent un peu partout : Nothing Stops Detroit.

 

Actualités, Laboratoire d'Idées

LUMIÈRE SUR LA LOI LCAP

29 juin 2016

FAA_ESBANM_LE-PARVIS-INTERIEUR-DE-L_ECOLE-DES-BEAUX-ARTSReconfiguration des Halles Alstom – Nantes / FRANKLIN AZZI ARCHITECTURE

Aujourd’hui, mercredi 29 juin, sera voté au sénat le projet de loi relatif à la Liberté de Création de l’Architecture et du Patrimoine LCAP. The H Project a voulu plancher sur le sujet et faire lumière sur certains points à impulser.

Initié par le gouvernement Ayrault puis devenu cheval de bataille de Fleur Pellerin, le projet de loi LCAP met fin à presque 40ans de désert juridique en matière d’architecture. Une loi attendue donc, ce qui explique les 451 amendements et les 3 ans de débat houleux qu’elle a générés. Bien que de nombreux points positifs soient à noter et que nous encourageons vivement les plus téméraires à parcourir le texte en entier, nous nous attarderons sur ces 3 mesures :

  • Le seuil d’intervention de l’architecte est désormais fixé à 150m² de surface de plancher. En deçà de ce seuil les délais d’instruction du permis de construire seront réduits si le particulier fait appel à un architecte.
  • La loi se place en faveur de l’innovation et de l’expérimentation notamment concernant le réemploi des matériaux. La “liberté de création” devient une liberté publique, au même titre que la liberté d’expression ou la liberté de la presse.
  • Les mesures adoptées tendent vers une décentralisation et un dialogue entre l’État (ABF) et les autorités compétentes locales aspirant à une étude au cas par cas. Elles cherchent à moderniser et simplifier la lecture des données sur la protection des bâtiments et à en finir avec la superposition des règlementations.

3 points qui vont dans le bon sens et attestent d’une réelle volonté de l’État d’évoluer dans la pratique et l’expérimentation du métier. Une prise de conscience des besoins des architectes qui semble mettre tout le monde d’accord et n’augure que du bon.

Cela dit après une telle attente, de grandes expectations sont à prévoir. Nous espérons donc que la médiation qui s’en suivra sera à la hauteur de ce que cette loi offre. Qu’elle atteindra au delà de la profession les acteurs concernés : les citoyens. Nous pensons en cela à la réduction du seuil et à l’accélération du permis de construire dans certains cas. En espérant une amélioration dans le dialogue entre l’architecte et le client, cela devrait permettre à ce que le recours à un architecte soit ressenti comme une liberté, voire une évidence et non plus comme une contrainte.

En ce qui concerne le volet sur le patrimoine, nous applaudissons l’effort de la loi pour faire preuve de bon sens dans le traitement de protection de ses édifices en accordant plus de flexibilité : la délimitation du périmètre autour des bâtiments historiques ne sera plus fixée obligatoirement à 500m mais sera adaptée. Aussi nous restons attentives à la création d’un label dédié au patrimoine récent de moins d’un siècle qui permettra la consultation des services chargés de la protection du patrimoine avant toute modification ou destruction d’un bâtiment. Nous rappelons qu’un label patrimoine XXème existe déjà mais qu’il n’avait jusqu’ici aucune incidence juridique sur les bâtiments et édifices concernés.
Enfin le texte regroupe désormais les secteurs sauvegardés, les ZPPAUP et les AVAP sous le titre unique de « sites patrimoniaux remarquables ». Ils sont régis désormais par un seul Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur PSMV, ou un Plan de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine PVAP, moins contraignant, selon le niveau de protection choisi. Cela dans le but d’en finir avec la superposition des règlementations et de faciliter la lecture et la mise en application des plans de sauvegarde. Tous deux restent sous l’égide du code du patrimoine et ne seront pas inclus au PLU comme les amendements précédents le préconisaient.

Enfin au sujet de la liberté de création, elle étend le « permis de faire » aux logements sociaux, aux opérations d’aménagement se situant dans le périmètre d’opérations d’intérêt national. Ce qui laisse transparaitre une envie générale d’innover en matière d’architecture et d’encourager les architectes à expérimenter de nouveaux concepts et à requestionner l’utilisation des matériaux et leur réemploi. Rappelons que l’architecture est un bien commun garanti par la loi comme étant d’intérêt général. Un retour aux fondamentaux qui appuie l’importance du corps bâti de demain que l’on veut à l’image de l’avenir : plus innovant mais respectueux, plus expérimental et plus fort.

Pour conclure seul l’avenir nous dira l’impact qu’aura cette loi sur l’architecture et le patrimoine en France. En tous cas il y a eu prise de conscience et création de débats parlementaires, ce qui est bien plus stimulant que rester en retrait dans l’ombre à se plaindre de la baisse du budget annuel.Aller de l’avant avec l’idée d’une liberté de création sans pour autant en oublier le passé. On espère un mariage de cette envie d’innover et d’expérimenter avec le patrimoine. Nos villes doivent tendre vers cela et ne pas avoir à choisir entre l’un et l’autre, ni à les sectoriser, car c’est la fusion des deux qui fait la force d’un territoire. The H Project s’est toujours appliqué à défendre cette thèse et veillera à l’avenir à continuer d’étudier et d’encourager cela.

Enfin pour finir sur une note légère : la loi prévoit que les dix chansons françaises les plus diffusées ne pourront pas représenter plus de la moitié des œuvres francophones. Et ça, ça va faire du bien à nos oreilles !

 

Sources :
____ Vie publique
____ Ordre des Architectes
____ Le Monde

Los Angeles

CITIZEN #3 : NATALIE KESTER

28 juin 2016

Découvrez le portrait de Natalie, étudiante en 4ème année à Cal Poly Pomona. Férue de patrimoine, éprise des grands espaces et de la vie au grand air, elle saura vous convaincre que architecture ne rime pas toujours avec urbanisation. Un volet plein d’optimisme à ne pas manquer!