Los Angeles

« WE ALL DREAM IN GOLD »

4 mars 2016

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On vous mentirait si on vous disait que notre arrivée avait été planifiée en fonction de la cérémonie des Oscars. On va plutôt dire que ça tombait bien. Très très bien même. Car dans la ville du rêve américain et du monde pailleté d’Hollywood, la remise des prix de l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences ( AMPAS ) reste LE rendez-vous de l’année. Une institution pour les “acteurs” de l’industrie du cinéma, une consécration pour les arts dramatiques, un rite de passage pour les stars montantes et un show glamour à ne pas manquer pour les spectateurs férus de cinéma ou groupie des magazines people.

D’année en année le même rituel : Dee, notre hôte Airbnb à notre arrivée, organise une “Oscar’s party”. L’occasion pour elle de mixer ses amis et ses rencontres internationales en partageant un moment devant la cérémonie des Oscars. Et chaque année personne ne manque à l’appel. Tout le monde ramène son penchant culinaire pour le potluck, et les conversations vont bon train devant les deux plus grands téléviseurs de la maison (qui n’en compte pas moins de 6).

Cet engouement pour les Academy Awards on le ressent dans toute la ville, on l’entend dans toutes les conversations et on le voit dans tous les médias. Mais ce n’est rien comparé à ce qui se trame à Hollywood boulevard entre Highland Avenue et Orange Drive. Une par une les rues qui entourent le Dolby Theater et le Hollywood & Highlands mall sont clôturées et interdites à toute circulation. Les camions défilent, les portiques se montent, les barrières s’alignent et le tapis rouge se déroule. Le rideau d’or que traverseront symboliquement les membres de l’académie le jour J se déploie à l’entrée du théâtre. Tout ce balai est clôturé par l’érection de la fameuse statue en “plaqué or” des Oscars. Les éclairages s’embrasent, les journalistes s’installent, le défilé du red carpet peut commencer.

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Si on compare les Oscars américains aux Césars français du point de vue des prix et de leurs attributions, le red carpet, lui, s’assimile davantage à la montée des marches à Cannes. A la grande différence que si à Cannes on peut entrevoir le tapis rouge, il est complétement inaccessible à Hollywood.

Encastré dans un tissu urbain assez dense, le Dolby Theater a été créé dans l’idée même d’accueillir les Academy Awards. D’ailleurs dans le quartier, c’est le dernier bâtiment édifié. Construit en 2001, en même temps que le gigantesque complexe commercial attenant, il met fin à des années de vadrouille pour l’Académie qui depuis 1929, année de sa création, n’avait encore jamais attribué de bâtiment officiel à cet évènement.

La plus ancienne remise de prix du milieu du spectacle a adapté sa cérémonie en fonction du progrès technologique. D’abord organisée autour de banquets dans des hôtels prestigieux sur Hollywood boulevard, elle est ensuite diffusée à la radio puis à partir de 1953 à la télévision. Dans les années 50, l’évènement sera même délocalisé à New York où se trouvent les studios télévisés de la NBC. Il reviendra sur la côte Ouest 10 ans plus tard où la production médiatique et cinématographique reste sans égal, la côte Est ne fera jamais le poids. Dès lors, depuis les années 80 jusqu’à 2001, le show jonglera entre deux établissements : le Dorothy Chandler Pavilion et le Shrine Auditorium. Ne comptant pas moins de 6000 membres, seule la moitié environ peut assister aux Awards. C’est pour palier à cela que l’académie établit ses quartiers au Shrine Auditorium qui peut accueillir jusqu’à 6300 personnes, du jamais vu pour une salle de ce type.

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Seulement voilà, à nouveau siècle nouvelle stratégie. Toujours ambitieux de refléter l’excellence technologique que développe sans relâche l’industrie du film, l’Académie fait le choix de construire un bâtiment à haute performance acoustique, visuelle et technique. Une pointure de béton parée sur mesure d’équipements audio-visuels. Un bunker en sous sol permet la répartition ingénieuse de tous les câbles et réseaux, et de relier directement le théâtre au rues adjacentes pour favoriser la logistique. Les espaces et agencements ont été pensé spécialement pour accueillir les chaines télévisées qui couvrent l’évènement et un unique “cockpit” situé dans la salle de spectacle a été conçue pour accueillir les caméras, la régie du son et la gestion de la scène.

David Rockwell, l’architecte du bâtiment, l’a conçut en étroite relation avec les spécialistes de salles de spectacle de Theatre Projects. Ces derniers, pointures dans leur métier, ont notamment participé à la conception du Walt Disney Concert Hall également à Los Angeles et du Palais des festivals à Cannes

La scène, une des plus grande au monde, finit d’achever ce bijou technologique de la représentation théâtrale.

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2001, c’était il a à peine 15 ans, soit rien du tout comparé à l’émergence d’Hollywood boulevard au début du XXème siècle. Comme mentionné plus haut, la modernité du Dolby Theater détonne quelque peu sur cette partie du boulevard. Il est vrai qu’à sa gauche le Grauman’s Chinese Theater, à sa droite la banque de Southern Trust & Saving et faisant front l’El Capitan Theater, sont des bâtiments érigés dans un même temps entre 1926 et 1927. Même s’ils sont quelque peu défraîchis, ils reflètent bien l’histoire de l’émergence d’Hollywood et de son industrie de l’époque.

Le Dolby Theater, lui, est un contre-exemple parfait de ce type de démarche de conservation. Au début du XXème siècle il n’y avait pas encore de mall, ni de théâtre ultra technologique, mais de plus en plus d’investisseurs et de nouveaux arrivant cherchant à se loger. Pour répondre à ce besoin, on a construit le Hollywood Hôtel en 1902, puis son extension en 1905. Plus tard dans les années 10, il accueillera les premières légendes du cinéma Hollywoodien qui feront sa renommée.

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Comme beaucoup de bâtiments de l’époque (et peut être aussi car c’était un “simple” hôtel) il connaitra la tabula rasa d’après guerre. Son architecture décrépit et en souffrance ternit sa gloire passée, un passé qui ne colle pas avec le renouveau de l’après-guerre. En 1956 Charles E. Toberman, connu sous le nom de “Mr. Hollywood” achève sa démolition. Elle est le symbole d’une volonté légitime de renouveau du block. En choisissant de faire une sélection dans ce qu’il conserve et ce qu’il détruit, Toberman amorce déjà une politique patrimoniale. Reste à savoir maintenant avec le recul s’il était plus judicieux et de meilleurs intérêts de conserver un théâtre désormais dans l’ombre du Dolby Theater, plutôt qu’un hôtel. Nous reviendrons sur la question.

L’idée du renouveau pour Toberman se traduira par la construction d’un temple de la consommation et du capitalisme si prononcé après-guerre en Amérique avec la construction d’un gigantesque mall avec parking et hôtel. Rien de bien percutant architecturalement parlant, vu quand 2001 on reprend du vieux pour refaire du neuf… mais en mieux. Le Dolby Theater offre quant à lui un nouvel intérêt, une nouvelle fonction prestigieuse qui est davantage à la hauteur de la renommée de la rue qui le dessert. Même si c’est encore principalement une question d’argent et d’investissement, à choisir entre des commerces et un théâtre ultra-performant, on choisit le théâtre.

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Pour conclure sur les Academy Awars, on ne vous parlera pas de l’Oscar de la plus belle robe décerné à Saoirse Ronan, du baiser d’Alicia Vikander et Mickael Fassbender ou de la lèvre anesthésiée de Leonardo DiCaprio (oups, on vous en a parlé) mais on notera quand même la performance humoristique de Ryan Gosling.

On est vraiment contentes d’avoir vécu en live cet engouement pour les Oscars qui nous a réellement amené à comprendre le slogan de cette année car ici “we all dream in gold”.

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1 Comment

  • Reply Mélanie 6 avril 2016 at 20 h 20 min

    Yessss!

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