ÉTAPE #1


L’HERITAGE INDUSTRIEL AUX ETATS-UNIS


Première puissance mondiale du XXème siècle, les Etats-Unis ont très vite dominé le monde au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Terre d’immigrés depuis toujours, la culture du self-made-man et du matérialisme attire ceux qui ont besoin de rêver, cultivant cette fascination à travers une image de liberté et de plaisir. Dans cet imaginaire, l’automobile et le cinéma sont les symboles. Alors que l’automobile embarque les Américains sur les autoroutes de vacances, à l’aventure dans les parcs et déserts, de motel en motel et de drive-in en drive in, le cinéma leur apporte émotions et distractions sur toile de fond d’un nouvel art naissant.

LA-Map map mapsLOS ANGELES
Choisie à l’origine pour sa lumière, son climat idéal, ses terres planes et sa main d’œuvre pas chère, elle est encore aujourd’hui le décor de film de la majorité des productions cinématographiques et télévisées. N°1 mondiale en terme de rentabilité et seconde en terme de production, si cette industrie profite d’une telle continuité c’est grâce à la richesse de ses structures mais aussi à la richesse des quartiers et constructions de la ville.

Comment le patrimoine est-il alors perçu à travers l’objectif de la caméra ? Qu’est-il donné
à voir et comment cela profite-t-il à la conservation des bâtiments et vice-versa au cinéma ?

Les anciens théâtres, supplantés par les drive-in puis par les multiplexes de cinéma font l’objet d’un éventail de réemplois déterminés par leur potentiel d’exploitation et le bon vouloir du propriétaire. Au pays du capitalisme l’argent est roi et l’individualisme sa devise.

Dans quelles mesures cela influe-t-il sur la conservation aux Etats-Unis ? Quel réemploi pour les théâtres hollywoodiens ?

Les studios quant à eux, morceaux de ville dans la ville, ont évolué en fonction du progrès et de la technique. Structures anonymes, c’est en leur coeur que tout se joue. Comment sont-ils gérés aujourd’hui à l’heure de la spécialisation des entreprises ? Leurs décors peuvent-ils bénéficier d’une protection historique ? Dans quels intérêts ?

Enfin en plus de s’être bâtie sur son économie, Los Angeles poursuit le même but que le cinéma : vendre du rêve. Comptant pas moins de 140 nationalités, la cité des anges accueille depuis toujours ceux qui cherchent à s’installer et ceux qui veulent se réinventer une vie. Difficile de parler de patrimoine et d’identité dans une ville où les habitants préfèrent regarder vers l’avenir plutôt que de relater le passé.

Aussi, comment se forger une identité quand celle-ci en est composée de plusieurs ? Comment cela se traduit-il à travers la ville ? Comment l’héritage de Los Angeles est-il perçu par ses habitants ?


Detroit - Map map mapsDETROIT
Difficile aujourd’hui d’imaginer que dans les années 1920-1930, Détroit a profité de la plus forte expansion que les Etats-Unis n’ont jamais connu, devenant le berceau de l’innovation, terrain d’expérimentation, et construisant toujours plus fonctionnel, plus riche et plus haut. On sait désormais que cycliquement une économie croissante amorce toujours une période de récession, et à Détroit elle fut proportionnelle à son essor. Fondée presque exclusivement sur l’économie de l’industrie automobile, c’est en partie paradoxalement elle qui la mènera à sa perte. Une relation complexe entre la voiture et sa ville mère dont il faut s’imprégner si on veut arriver un jour à comprendre Détroit.

Ruinée par des politiques de gestion inconsidérées sur fond de corruption, désertée par ses habitants avec l’expansion des banlieues, la ville s’apparente à une île de pauvreté noyée au milieu d’un océan pavillonnaire prospère. Il est loin le temps ou Henry Ford et Alfred P. Sloan développaient le fordisme et le sloanisme, construisant usines sur usines plus fonctionnelles les unes que les autres et show room sur show room plus attractifs les uns que les autres. Consumée en presque 40ans, l’abandon s’est imposé comme démarche de conservation d’un héritage fantôme dont plus personne ne veut entendre parler. Les conservateurs en patrimoine de la ville rappellent l’importance de la notion de temps.

Le manque d’argent et d’intérêts auraient-ils finalement été un mal pour un bien ? Dans une ville où plus personne ne veut remuer le passer, la conservation de l’héritage automobile est-il volontaire ou subi ? Dans quelles mesures peut-on le préserver ?

L’effondrement de Détroit jusqu’à sa faillite et l’annulation de sa dette étaient pourtant quelque chose de nécessaire. Tomber pour mieux se relever. En perdant la moitié de sa population en un demisiècle passant de 1,8 millions d’habitants en 1950 à environ 700 000 aujourd’hui, Détroit a rejoint les rangs des shrinking cities. Un tiers des terrains de la ville sont désertés ou laissés en friche. Ces deux dernières années, la ville a démoli plus de 10 000 maisons et bâtiments, entrainant une transformation du paysage urbain en prairies. Un phénomène singulier qui fascine les urbanistes et paysagistes du monde entier offrant un potentiel en jachère qui a le mérite de laisser de la place pour les idées. Depuis plus de 20 ans des associations comme Greening of Detroit ou la Michigan Urban Farming Initiative MUFI regroupent et engagent les citoyens dans un nouveau combat : la reconquête des terres par l’agriculture urbaine.

Une démarche partie d’un besoin. Et si l’héritage de la ville résidait dans ce nouveau paysage agricole, avec pour vecteur de patrimoine le vide et la dépopulation ?

La ville réinvente le rêve américain, symbole du pays, mais selon ses propres codes. Les artistes, artisans, entreprises, ou simples citoyens ont l’opportunité de réinvestir les ruines de l’industrie. Et ils s’y appliquent brillamment comme le démontre la réappropriation du Russell Industrial Center.

Peut-on voir dans ces démarches et exemples une nouvelle manière de réanimer le patrimoine ? Peut -on parler ici de réinvention ? Ce processus peut-il se transposer à d’autres villes ou reste-t-il singulier à Détroit ?

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