Après les États-Unis et son héritage industriel en 2016, l’équipe de The H Project reprend la route et pose cette fois ses valises dans des villes plus récentes, construites sous les aires du tourisme et de la finance. De nouveaux programmes de bâtiments en découlent : hôtel, club house, malls et tours de bureaux. Enfantées par la mondialisation, ces villes mêlent cultures d’expatriés et cultures locales pour définir une nouvelle identité mondiale.
Cependant, vieilles de quelques dizaines d’années, sont-elles déjà sensibles à l’héritage qu’elles sont en train de façonner ? Et si oui comment le définissent-elles et le considèrent-elles ?
DUBAÏ : UNE DES NOUVELLES PUISSANCES RÉGIONALES DU GOLFE
Dans les années 60-70, on assiste à l’émergence de la péninsule arabique et des états pétroliers se définissant comme les nouvelles puissances régionales. Elles se placent en opposition aux anciens centres incarnés par Le Caire, Beyrouth ou encore Damas. Ouvertes sur le monde, partisanes des hautes technologiques, une partie de ces puissances est désormais dirigée par une nouvelle génération prônant une arabité laïque transnationale, puissante par ses idées progressistes et intellectuelles.
Dans ce choc des époques, l’architecture sert d’outil de médiation pour réconcilier ultra modernité et tradition religieuse. Aussi fera-t-elle appel dans un premier temps à la délicatesse de l’architecture japonaise respectueuse des traditions (ex : aéroport de Dhahran – M. Yamasaki), avant que les marchés mondiaux ne s’étendent aux Amériques (ex : Banque commerciale Nationale de Djeddah SOM).
Dubaï est le symbole de la ville consumériste. Engendrées par la mondialisation, la société de consommation et la mégalomanie générée par le pétrodollar sont et représentent une période clé de l’histoire mondiale. Il en est de même pour son architecture. Produit de consommation à grande échelle, toujours plus haute, toujours plus high-tech, toujours plus chère, qu’advient-il de ces constructions quand celles-ci sont devancées par un nouveau record ou un nouveau « modèle » ? Dans une ville où l’architecture est vouée à être éphémère y-a-t-il une véritable volonté (nécessité ?) de conservation ?
Martin Becka propose dans son travail « réappropriation d’un passé fantasmé » une archéologie du présent de la ville de Dubaï. Ses clichés, utilisant un procédé des débuts de la photographie et immortalisant la ville aujourd’hui, cherchent à contempler le présent dans l’œil du futur. Comme si une perte de l’identité du lieu et de l’époque opérait dans cette ville. Vitrine, ses architectures de façade à l’image de sa volonté de « paraître » au monde entier, se détachent de leur contenu. Le lien entre l’enveloppe du bâtiment et son programme se brouille, l’image que cherche à refléter la ville s’efface de sa réalité vécue.
L’architecture peut-elle alors exister indépendamment du lieu et de son programme ? Et si l’héritage de la ville résidait dans son contenu ? Que renferme la face cachée de l’architecture de Dubaï ?
Dubaï / Hong Kong —-> 2 X 2 mois = c’est parti !
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