Aux États-Unis, Alex et Jenny chez qui nous logions à Détroit en Airbnb, nous ont familiarisé avec le système d’échange de service Workaway. Ayant un budget limité pour cette deuxième étape, nous avons choisi cette option pour économiser le coup du logement à Dubaï et Hong Kong. Nous passerons donc tout le mois de Mai au sein d’une famille habitant à la frontière entre les émirats de Dubaï et Abu Dhabi. Joanne, Samir et leurs 4 enfants se sont installés il y a 8ans aux EAU et vivent depuis quelques années maintenant dans une “gated community” appelée Al Ghadeer en plein milieu du désert.
Réalisée à seulement 10% du projet immobilier initial, il est cependant déjà très facile de se sentir immergé dans une ville une fois à l’intérieur de la communauté. Les commerces et services (épicerie, café, salles de sport, piscines, terrain de tennis, jardin d’enfant etc.) offrent activités et facilités dans un cadre idyllique, verdoyant et très bien entretenu de tel manière que vous ne ressentez pas le besoin d’en sortir. Le seul risque est d’ailleurs de ne jamais en partir ! Il manque cependant un esprit de quartier qui est essentiel au concept de la communauté. La population, exclusivement composée d’expatriés, semble ne pas trop chercher à établir des liens solides et à faire vivre les rues du fait qu’ils ne s’installent pas ici durablement. Un parfum de vacances se ferait presque sentir au bord de la piscine et ce n’est qu’une fois à l’orée du “village” qu’on revient à la réalité : nous sommes en plein milieu du désert.
J+6_____ Avant de rejoindre notre famille d’accueil logeant à la frontière entre Dubaï et Abu Dhabi, nous profitons de notre situation centrale pour faire un tour dans l’un des premiers grand parc de la ville : Safa Park.
Construit en 1975 sur le site d’un ancien bidonville clandestin, il se trouvait à l’époque en périphérie de la ville à 10km du centre historique. Destiné à être l’échappée du week-end pour les Dubaïotes, il remplit son rôle pendant 9 ans avant d’être agrandi et équipé de jeux et services suivant deux plans de réaménagements successifs en 1984 et 1989. Le style architectural des quelques bâtiments qui ponctuent le parc (porche d’entrée, café, restaurants) témoignent de cette époque, allant de formes organiques à une géométrie moderne en passant par l’utilisation du béton paré de couleurs pastels ou blanches.
Lieux prisé durant les années qui suivirent la fin des travaux en 1992 : barbecues à disposition, jeux de ballons sur les larges pelouse recouvrant 80% du parc, pic nique sous les palmiers dattiers, il voit la ville se construire et l’encercler de toutes parts. Safa Park se trouve aujourd’hui au centre de la ville et en subit les conséquences. Atrophié de la moitié de sa superficie pour faire passer un grand canal destiné à immerger la très récente Business Bay, il revit une longue période de travaux ces dernières années et perd à la fois de son charme et de sa popularité. Ré-ouvert il y a peu, toujours aussi fleuri malgré les 40°C et soigneusement entretenu, les gens ne s’y pressent pourtant plus. Ne sont-ils pas informés? Ou le Safa Park aurait-il fait son temps? A Dubaï, comme à l’image de la mode, les goûts pour les attractions changent très vite, et même la ville à l’échelle urbaine en paye le prix.
J+10______ Incontournable, bijou ultime du Sheikh Zayed bin Sultan Al Nahyane, dès notre première semaine dans l’émirat d’Abu Dhabi la Grande Mosquée nous livre ses trésors.
Visible à des kilomètres, son positionnement à l’entrée de la ville est évidemment stratégique. Destiné à être le joyau des Émirats Arabes Unis, elle est devenu en moins de 10ans le symbole national et un culte de l’ouverture de l’Islam au monde. En effet, la Grande Mosquée est une des rares visitables dans le pays du moment que vous revêtissiez l’Abaya traditionnelle ou vous couvrez très convenablement.
Construite en 12ans de 1995 à son ouverture en 2007 à l’occasion de la grande prière, la structure de la mosquée repose sur 6000 piliers d’acier plongeant à 27m de profondeur. Abu Dhabi est une succession d’îles sablonneuses qui rendent systématiquement la réalisation des fondations délicate. Son ossature d’acier et de béton est entièrement recouverte de marbre blanc (coloré pour les décors) soit 120 000m2 de panneaux. Son éclat et son élégance dessinent des ombres nettes aux angles et des reflets lumineux sur le sol. L’architecture est à l’image souhaité par le Sheikh : un mélange de modernité et de tradition. Les formes purs du lieu de culte qui se découpent nettement sur le bleu du ciel, contrastent avec son intérieur très travaillé et ornementé, aillant fait appel aux matériaux et savoir-faire artisanaux du monde entier.
Son organisation, ses 82 dômes, ses 1000 colonnes et ses arches, reflètent le style traditionnel de l’architecture islamique dans une simplicité très moderne. A l’intérieur l’or domine, recouvrant des lustres de 24 carats, ré-haussant les chapiteaux des colonnes et soulignant la base des dômes en écriture arabe graphique. Le tapis de la salle de prière est le plus grand tissé au monde et fut monté en 9 pièces par un artiste Iranien. Quand au lustre central illuminant le dôme principal de 85m de haut et environ 30m de diamètre, il est l’un des plus large au monde, importé d’Allemagne et possède en son centre un escalier permettant l’entretien de ses diodes électroluminescentes.
Nous nous éloignons lentement au son des imams qui lisent le Coran H24, encore éblouies par la beauté de la mosquée qui en plus d’être un nouveau symbole de l’architecture récente des Émirats, démontre bien que modernité et tradition peuvent donner un beau mariage.
J+2______Petit tour du coté d’Abu Dhabi aujourd’hui plus précisément sur l’île principale sachant que la capitale des Émirats en compte plus de 200. Émirats le plus riche en pétrole, 80% de sont PIB provient de cette ressource. Dès sa découverte dans les années 60 et après que les Émirs ai créé la fédération des Émirats Arabes Unis en 1971, la ville s’est considérablement développée.
Nous arrivons par l’île de Saadiyat Island où nous apercevons au loin les grands travaux des futurs musées aux renommées mondiales tel le Louvre de J.Nouvel ou le Guggenheim de F.Gehry. Nous entrons ensuite dans le Zayed Port où un ancien entrepôt se démarque parmi tant d’autres anonymes. La Warehouse 421, ouvert il y a à peine 2ans, ambitionne d’être le catalyseur d’un nouveau quartier culturel. La fondation Salma bint Hamdan Al Nahyan a fait appel à l’agence Danoise BIG pour démocratiser l’art et marquer le coup. En résulte une reconversion intéressante reposant sur un jeu de patios pour éclairer indirectement les œuvres, une conservation de la structure métallique antérieur et des réseaux mis à nu jouant avec la structure filaire de l’exposition en cours. L’exposition : “Lest we forget”, donne une perception de ce que les émiraties considère comme leur héritage : parfum, perles, henné, burqa, khôl, dagues, bijoux etc. Cependant, comme il ne représentent que 16% de la population de nos jours et vivent très aisément, difficile de le percevoir au quotidien dans la ville.
Après un tour par le fish market dont les effluves imprègnent le port entier, nous faisons une halte au Heritage Village dont on nous a dit tant de mal. Une reconstitution grossière bafouant l’art constructif des peuples de pécheurs et nomades du désert d’autrefois. Ce “village”, vitrine d’impostures, ne leur rend malheureusement pas hommage. Rien n’est lié, les explications sont simplistes, l’atmosphère trop touristique. Le seul atout est son emplacement idéal sur la plage offrant un panorama splendide de la ville XXème : soit rien à voir avec l’historicité du village… La flore luxuriante adoucit un temps soit peu la “carte postale”. Une preuve encore une fois que le pays est en contradiction avec les valeurs qu’il souhaiterai accorder à son patrimoine et l’intérêt réel qu’il y porte.
Pour finir la journée direction l’Emirates Palace pour une dernière visite luxueuse histoire d’avoir des étoiles dans les yeux avant de rentrer. 7 étoiles c’est justement le classement que s’est autoproclamé cet hôtel aux aires de palais ocre du désert rouge. A l’intérieur tout n’est qu’or, marbre et volutes dans un style oscillant entre art nouveau et art déco. Le gouvernement, souhaitant transmettre à travers ce bâtiment la splendeur de la culture arabe, a investi pas moins de 3 milliard de dollars pour relever le défi. 2ème hôtel le plus couteux jamais construit au monde, il garde pourtant la modestie de laisser rentrer nombres de visiteurs qu’ils soient invités à des évènements (l’hôtel possède plusieurs salles de conférences et un auditorium) ou en possession du mot de passe “nous venons pour aller au restaurant/café”. A bon entendeur. 😉
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