Premières impressions :
Un an et demi s’est écoulé depuis ce jour où on a fait le pari fou de lancer The H Project. D’ailleurs à l’époque le projet n’avait pas de nom, pas de destinations, pas de logo ou de couleurs, mais plein d’envie.
Beaucoup d’envie et la force d’y croire, depuis le hublot de l’A380 on mesure le chemin parcouru au fur et à mesure que le paysage défile.
Au final c’est la fatigue qui nous fait réaliser le mieux notre départ : les derniers efforts fournis lors de la préparation, les kilos de cartons portés pour quitter notre chez nous. Ça y est, on est sans domicile fixe.
12h de vol, 3 films, et +20°C plus tard, on atterrit dans l’immensité urbaine de Los Angeles. 14h heure locale soit 23h à Bordeaux, la journée risque d’être longue mais l’excitation inhibe cette pensée. Pourtant la dernière bataille n’a pas encore été livré : la douane américaine a sa réputation à tenir !
12h de vol, 3 films, +20°C ET 12min d’interrogatoire avec le douanier plus tard : Welcome in the United States of America !
Sortie de la léthargie aérienne, la lumière nous éblouit. Et qu’elle lumière… Puissante, tranchante et chaude, on va être bien à Los Angeles. Oui, on va être bien.
Premières leçons :
On nous avait prévenu, on avait entendu et on l’a mesuré : la voiture, clé de voûte de la liberté américaine, est indispensable à Los Angeles.
Imaginez un tissu urbain tressé sur 1 290km2, une vie de quartier concentrée dans une marée pavillonnaire et des transports publics à raison de un passage par heure. Il est possible de prendre le bus, pour preuve : on l’a fait. Ça nous aura permis d’expérimenter les cordes pour demander l’arrêt, de référencer le parc automobile américain en attendant le bus et de mesurer la ségrégation par l’argent dont on a tant entendu parler dans les bouquins. Mais clairement, il va nous falloir une voiture.
L’étalement urbain à Los Angeles
Ce qui nous amène à notre deuxième leçon : le coût de la vie. Personnellement on ne sait pas trop qui accuser (la crise n’explique pas tout) mais c’est un fait : depuis 2008 la valeur de l’euro face au dollar américain a rudement chuté. Si on frôlait les $1,40 pour 1€ au début de l’année 2014, le change actuel est plus de l’ordre de $1,10 pour 1€. Il faut ajouter à cela le coût de la vie plutôt élevé aux États-Unis, particulièrement ici en Californie. Être le plus puissant état américain comptabilisant 13% du PIB total et s’ériger à la 8ème place économique mondiale, ça a un coût. Ça fait salé l’addition, il va falloir composer avec.
Premiers défis :
La priorité numéro un : trouver un toit ! Airbnb c’est bien, c’est confort, c’est pratique mais c’est surtout hors budget. Trouver un logement, pardon, une chambre pas cher pour deux dans un quartier décent pour 3 mois à Los Angeles relève de l’ordre du vrai défi. Un défi du genre à passer 5 jours non stop à scruter les sites internet de logement, à envoyer des mails, à appeler, à annuler car le quartier s’avère être un coupe gorge à étudiants pour au final revenir à un airbnb très correctement bradé.
Finalement, une succession d’ascenseurs émotionnels plus tard, la légendaire hospitalité américaine nous tend les bras et la chance tourne enfin : on a trouvé un toit.
Comment acheter une voiture sans voiture ? Défi numéro deux. Parachutées dans cette jungle urbaine, difficile pour nous d’aller voir aisément les voitures vendues sur craigslist au quatre coins du comté. Heureusement les américains sont ultra-connectés, nos portables un peu moins… Les applications tel Uber ou Lift, très utilisés ici, ne fonctionnent plus sur nos vieilles bécanes de 3ans d’âge. On ne baisse pas les bras, des interfaces existent sur ordinateur. Oui mais voilà, une fois là-bas on revient comment si la voiture ne convient pas ? Inutile de vous préciser que vu notre budget, on est souvent amenées à voir des voitures dans des endroits « peu fréquentables ». Peu fréquentables pour le piéton moyen tout du moins.
Puis le jour J arrive : on nous a indiqué une assurance, les banques ont débloqué le budget, on a trouvé quelqu’un pour nous amener et maintenant on prie pour que la mayonnaise prenne… 2h de rushhour, 3 signatures et 1 négociation plus tard : alléluia, on a une voiture !
Premiers émois :
Et le voyage dans tout ça ?! « Profitez » nous dit-on. On ne rêve que de ça, mais il nous faut trouver notre rythme entre notre installation, le projet et ne pas oublier de se faire plaisir. Après deux jours d’isolement informatique et de pluie (nous pouvons le confirmer, il pleut aussi en Californie), on se décide enfin à prendre l’air et à parcourir le quartier de Venice.
3 adjectifs : éclectique, branché et poétique, pour 3 décors : le célèbre ocean front walk, le boulevard Abbot Kinney du nom du fondateur de Venice et les canaux créés sous l’influence de la ville italienne du même nom.
3 ambiances insoupçonnées qui ont défilé sous nos yeux. Au détour des villas très architecturées du bord de mer, on découvre la maison Norton de Frank Gehry. Elle est à l’image de la création architecturale du quartier : hors norme. Ici, les maisons en rondins ou néocoloniales côtoient les villas contemporaines charpentées d’acier et cloisonnées de verre. Passer d’une villa rez-de-chaussée à un multi complexe commerce/appartement ne pose aucun problème. Ce qui engendre un agencement de l’espace public beaucoup plus travaillé, ouvert et diversifié. Que ce soit le traitement de l’entre deux de 1 à 3m entre les parcelles, la continuité de l’espace urbain jusque sous le porche des maisons ou les ruelles anonymes à l’arrière des parcelles, tout ici nous semble paradoxalement s’harmoniser dans un désordre urbain, et le résultat est grandiose.
Un ultime effort avant que les dernières lueurs s’évanouissent. La lumière rougeâtre de Californie vient sublimer la poésie des canaux bordés de palmiers. On est sous le charme.
Casa linda – Abbot Kinney Boulevard
The Butcher’s daughter – Abbot Kinney Boulevard
Premier Bilan :
Logement : check ; Voiture : check ; Jetlag : surmonté ; Repères : amorcés. Que l’aventure commence !
1 Comment
Bravo les filles ! Très bien raconté. Gros bisous