Los Angeles

CULVER CITY PART I : THE HEART OF SCREENLAND

6 avril 2016

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Alors qu’il est bien connu qu’Hollywood est le berceau du cinéma, d’autres zones de Los Angeles semblent être oubliées dans leur rapport à l’industrie de l’entertainment. C’est le cas de Culver City, ville située dans le comté de Los Angeles, et qui est entourée par la ville de Los Angeles.
Intéressante en terme d’architecture, Culver City rassemble à la fois des bâtiments culturellement mythiques, des zones de production cinématographique et des industries reconverties en nouveaux quartiers toujours plus hypes.

Le monument symbole que l’habitant du coin nous indiquera sans faute est le Culver Hotel : il marque les mémoires par son statut de vedette de cinéma et son passé de repère de stars. Construit en 1924 par le fondateur même de la ville de Culver City – Mr. Harry H. Culver – son inauguration entraînera le gros titre dans les journaux locaux “City packed with visitors for opening of Culver skyscraper” (“La ville est bondée de visiteurs pour l’ouverture du gratte-ciel de Culver”). Notons-le d’emblée, le “gratte-ciel” comporte 6 niveaux.
Pour donner à sa ville ce qu’il considère comme “the latest monument to his vision”, Mr. Culver fait appel aux architectes Curlett & Beelman afin d’en imaginer les plans. [Los Angeles et sa sphère industrielle de l’entertainment sont finalement bien petites car ce duo n’est autre que celui qui sera par la suite concepteur du Hollywood Roosevelt Hotel (1927). Situé en face du Dolby Theater, ce dernier a abrité, non sans surprise, la première cérémonie des Oscars en 1929 où seuls 250 convives seront présents.] L’hôtel est par ailleurs érigé à l’emplacement précis du tout premier theater de Culver City, on se rend bien compte que l’histoire architecturale de la ville tourne principalement autour des mêmes sujets.

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L’architecture du Culver Hotel participe de façon évidente à sa renommée : prenant une forme de flat-iron (“fer plat”, à l’image du bien connu Flatiron Building de New York), il adopte un style Néo-Renaissance et aligne ses 200 fenêtres sur ses façades de briques rouges et de pierres sculptées. Si ses murs pouvaient parler, nombreux sont les récits qu’ils pourraient conter. Cet hôtel de luxe abritera pendant l’âge d’or d’Hollywood des célébrités qui y séjourneront parfois plusieurs mois – Clark Gable, Greta Garbo, Buster Keaton, Frank Sinatra etc. – et des castings entiers de productions cinématographiques telles qu’Autant en Emporte de Vent et Le Magicien d’Oz. Charlie Chaplin en aura également été propriétaire pendant un temps.

N’est pas star de cinéma qui veut, et pourtant le Culver Hotel peut se targuer d’avoir ce statut tant sa façade, ses courbes et ses couloirs ont été filmés par les réalisateurs les plus divers ! Tantôt appartement à Barcelone, tantôt rue londonienne ou café parisien, l’on peut l’apercevoir sous tous les angles, comme par exemple dans les classiques de Laurel & Hardy.

Inscrit depuis 1997 au National Register of Historic Places, c’est véritablement à partir de son rachat en 2007 par une famille d’hôteliers que l’hôtel renaît de ses cendres et retrouve tout son éclat d’antan, après avoir bénéficié de rénovations considérables.

Cette position particulière pour le Culver Hotel a été conquise par l’évolution de Culver City, comme Hollywood à la même époque (les années 1920), vers un véritable cœur névralgique de la production cinématographique. La ville prend même le nom de “Heart of Screenland” dès 1936 quand la mention apparaît sur le sceau officiel. Le titre ne s’en trouve pour autant pas usurpé puisque ce ne sont pas moins de 3 Major Movie Studios qui se côtoient dans le centre de Culver City. Premier à arriver en 1915, le producteur de films muets Thomas H. Ince y installe les Ince Studios – désormais Culver Studios* – en faisant face à ce qui sera quelques années après l’hôtel d’Harry Culver. Suivront en 1919 les studios de Hal Roach dont la compagnie se déclarera en faillite en 1959. Bien que les studios seront détruits en 1963, la société a pris le nom de Landmark Studios par la suite et reste aujourd’hui un distributeur de films.

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Culver City achève cependant sa renommée grâce à l’implantation des studios de la MGM** (si si vous savez, le lion qui rugit !) qui seront pendant longtemps l’un des plus célèbres et glamour des studios de l’âge d’or d’Hollywood. Après avoir vu défiler de nombreuses stars, plus célèbres les unes que les autres, la compagnie n’échappe pas à la crise qui touchera les plus grands studios dans les années 1950/1960. Après cette période, se combinent de nombreux changements de propriétaires, de valses d’achats, de reventes et de divisions de parts qui nous échappent quelque peu. Toujours est-il que Pathé Communication Corporation et le Crédit Lyonnais sont intervenus dans les années 1990 afin de redresser la société avant que cette dernière ne repasse entre les mains du milliardaire Kirk Kerkorian puis enfin, en 2005, de Sony Pictures. La compagnie quittera les studios de Culver City en 1992.
Les anciens plateaux de tournage de la MGM auront appartenu quant à eux à Warner pendant un temps, et depuis 1990 à Sony. Ils hébergent également Columbia Pictures et TriStar Pictures, sociétés achetées et fusionnées par Sony en 1989. Nous avons eu la chance d’en visiter une partie et d’en appréhender le fonctionnement.

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Notre rendez-vous pour le départ du tour se fait dans le Sony Pictures Plaza, de l’autre côté de Madison Avenue. Nous traversons la rue pour enfin franchir le portail des Studios et découvrons un véritable microcosme où le vrai et le faux se mélangent et se confondent. Le parc est une véritable petite ville dans la ville tant chaque élément urbain reconnaissable dans une cité y trouve sa place. Pour commencer, les chemins qui nous guident d’un stage à l’autre ont des noms : ce sont des Streets (rues) ou des Avenues, numérotées de 1 à 9. Le parc possède également des cafétérias, des logements, des commerces (une boutique de souvenirs !) et son propre centre médical… sans oublier les parkings.

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Tout studio de cinéma qui se respecte possède un bâtiment principal, sorte d’élément de patrimoine historique de la compagnie, qui se place à l’entrée. Ici, il s’agit du Thalberg Building, bâtiment administratif nommé d’après le premier directeur de la production de la MGM. C’est au rez-de-chaussée, dans le hall de ce dernier que se logent derrière des vitrines les Oscars remportés par la société au cours de son histoire. Multifonctionnel, le Thalberg building est également décor pour de nombreux films : sa façade figure celle de la maternité dans la série Masters of Sex, ou l’esplanade sur laquelle Peter – Tobey Maguire – Parker se fait diplômer dans le Spiderman de 2002. Le décor est d’ailleurs partout dans le parc des studios, et représente le faux de cette mini-cité construite pour “faire semblant”. La pelouse devant le Thalberg est par exemple souvent utilisée pour dépeindre Central Park à New York. Successivement, des façades de tous styles bordent les allées que nous longeons. Le jeu est alors de deviner lesquelles des portes sont réelles, lesquelles sont fausses !

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Alors que cette zone à échelle humaine réunit l’ensemble factice des studios, les stages (plateaux) surdimensionnés auxquels nous nous confrontons par la suite en contiennent tout simplement. Dans ces hangars, tous possédant la même structure – dont nous vous parlerons par la suite – mais de tailles différentes, des chambres, des salons, des salles de restaurants sont reconstruits. Le Stage 27 a abrité l’intégralité du “Munchkinland” du Magicien d’Oz (1939). Ces espaces sont donc malléables à souhait et prennent la forme de différents lieux au gré des productions. De nombreux jeux télévisés sont également produits chez Sony Pictures Entertainment : Jeopardy!*** et the Wheel of Fortune (Roue de la Fortune) possèdent donc chacun des décors permanents dans des stages.

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Nous visitons également un des studios d’enregistrement les plus célèbres, resté intact depuis la découverte de ses vertus en terme d’acoustique dans les années 30. Les murs, couverts d’un patchwork de panneaux de bois, ont vu jouer les musiques de compositeurs comme John Williams. Chaque recoin des studios a sa particularité et l’on peut réellement se prendre au jeu des différents visages que peuvent revêtir les façades des studios dans les films qui y sont tournés. Reste à savoir maintenant ce qui en est considéré comme patrimoine par la ville, par les habitants et par l’industrie de l’entertainment.

En terme d’industrie, le cinéma n’était pas le seul domaine à avoir élu domicile dans la nouvelle ville de Culver City au début du siècle dernier. Le complexe d’Hayden Tract ainsi que l’ancienne boulangerie des Jeux Olympiques – Helms Bakery – ont été reconvertis. Nous avons été les visiter, guettez donc les prochains articles pour en savoir plus !


* Les studios qui ont hébergé le tournage de Citizen Kane (1940), Rocky (1976), Raging Bull de Martin Scorsese (1980), E.T. (1981), Hook (1991), Matrix (1999), Kill Bill (2002) et bien d’autres. Dès les années 50, c’est vers la télévision que les studios se sont tournés, pour être en phase avec leur époque, avec les séries Batman (1966), ou plus récemment Scrubs (2009), Episodes (2013)…

** La MGM (Metro-Goldwyn-Mayer) a produit entre autres Autant en Emporte le Vent (1939), Singin’ in the Rain (1952), Le Bal des Vampires de Roman Polanski (1967), 2001, L’Odyssée de l’Espace (1968), Thelma et Louise de Ridley Scott (1991).

*** Qui s’apparente au Question pour un Champion français

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