Dans les années 60-70, on assiste à l’émergence de la péninsule arabique et des états pétroliers se définissant comme les nouvelles puissances régionales. Elles se placent en opposition aux anciens centres incarnés par Le Caire, Beyrouth ou encore Damas. Ouvertes sur le monde, partisanes des hautes technologiques, une partie de ces puissances est désormais dirigée par une nouvelle génération prônant une arabité laïque transnationale, puissante par ses idées progressistes et intellectuelles.
Dans ce choc des époques, l’architecture sert d’outil de médiation pour réconcilier ultra modernité et tradition religieuse. L’orient, et cela est vrai aussi pour le patrimoine, a ses propres valeurs et codes qui différent de ceux de l’occident. Difficile cependant de respecter des codes lorsqu’on est dépourvu de contexte (villes nouvelles) et qu’il est question de les réinventer. Se pose alors la question :
Quelle identité locale pour ces villes nouvelles qui se veulent dépourvues de contexte, menacées par le spectre de l’homogénéisation mondiale?
Dubaï est le symbole de la ville consumériste. Enfantée par la mondialisation, la société de consommation et la mégalomanie générée par le pétrodollar elle est et représente une période clé de l’histoire mondiale. Il en est de même pour son architecture. Produit de consommation à grande échelle, toujours plus haute, toujours plus high-tech, toujours plus chère, qu’advient-il de ces constructions quand celles-ci sont devancées par un nouveau record ou un nouveau « modèle » ?
Dans une ville où l’architecture est vouée à être éphémère y-a-t-il une véritable volonté (nécessité ?) de conservation ?
Martin Becka propose dans son travail « réappropriation d’un passé fantasmé » une archéologie du présent de la ville de Dubaï. Ses clichés, utilisant un procédé des débuts de la photographie et immortalisant la ville aujourd’hui, cherchent à contempler le présent dans l’œil du futur. Comme si une perte de l’identité du lieu et de l’époque opérait dans cette ville. Vitrine, ses architectures de façade à l’image de sa volonté de « paraître » au monde entier, se détachent de leur contenu. Le lien entre l’enveloppe du bâtiment et son programme se brouille, l’image que cherche à refléter la ville s’efface de sa réalité vécue.
L’architecture peut-elle alors exister indépendamment du lieu et de son programme ? Et si l’héritage de la ville résidait dans son contenu ? Que renferme la face cachée de l’architecture de Dubaï ?
Hong Kong possède un paysage urbain unique au monde. La densité, la dynamique et la mixité sont les caractéristiques marquantes de la perle orientale. Ancienne colonie britannique dès 1842 elle deviendra une cité-état après sa rétrocession à la Chine en 1997. Bien qu’imprégnée de la culture chinoise, ses 155ans d’influence britannique la différencient radicalement des autres mégapoles de la République Populaire de Chine.
Située sur la côte Sud de la Chine, à l’embouchure de la Rivière des Perles, Hong Kong est un point stratégique en Asie. La quasi totalité des échanges internationaux avec la Chine transite par elle. Si bien que dans les années 50 et à l’aube de la mondialisation elle se développe autour du commerce du tissu puis connait un grand essor économique dans les années 70 essentiellement centré autour de la finance. Devenue une ville de services, terre d’accueil de nombreux expatriés du monde entier, la notion d’héritage se voit à nouveau confrontée à une question d’identité. La «bulle d’expat.» étriquée sur l’île de Hong Kong fuit aujourd’hui les prix exorbitants de l’immobilier pour s’installer dans les Nouveaux Territoires sur le continent, gagner en qualité de vie et s’intégrer davantage à la culture chinoise.
Quelles identités pour cette ville divisée entre internationalisation et culture locale?
Actuellement toisième centre financier mondial, la ville ne présente plus ses innombrables gratte-ciel qui sembleraient se toucher entre eux. Depuis les années 70 on assiste ainsi à l’émergence d’un patrimoine architectural singulier généré par l’économie tertaire du XXème siècle. Organisé en plusieurs couches, il prône une mixité programmatique interconnectée.
Quels sont les codes de ce nouveau patrimoine ? Comment peut-il être amené à évoluer dans une ville très dépendante des marchés de la finance ?
Célèbre pour sa densité record, Honk Kong accueille le quartier Mong Kok, territoire le plus densifié au monde. Ce choix d’urbanité peut s’expliquer par une autre verticalité : celle de son relief naturel atteignant presque 1000m d’altitude par endroits. Très peu construit et protégé il contraste avec la frange urbaine du littoral. Mis en parallèle, ces deux types de territoire confèrent à la ville une structure très particulière. Densité et verticalité sont le fruit d’une volonté de créer un territoire artificiel, sous contrôle, où les strates fonctionnelles du modernisme se connectent entre elles de façon à former une ville verticale. Il n’y a plus un sol unique, l’unité se fait en hauteur, et l’emprise au sol ne correspond plus à une unité de surface.
Avec la rareté des terres, n’en chérissent-ils que plus l’espace ? Par endroits, la densité n’est plus proportionnelle au développement. L’excès
aurait-il ses prorpes limites ?
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