Actualités, Laboratoire d'Idées

JEP 2017 – UN SOUFFLE DE MODERNITÉ DANS LES INSTITUTIONS

20 septembre 2017

Ce week-end se tenait en France comme partout en Europe les JEP : Journées Européennes du Patrimoine. Et comme chaque année on en a profité pour s’introduire dans des lieux en temps normal fermés au public et écouter les guides et usagers nous compter leurs histoires. Pour pas faire de jaloux on a visité un bâtiment XXème bien sûr : le Tribunal de Grande Instance de Bordeaux TGI, mais également un ensemble issu de la fin du XIXème au programme assez singulier : le Centre Hospitalier Charles Perrens CHCP. Si vous n’avez pas pu profiter de ces journées, The H Project est là pour vous partager ses visites. Plongé dans deux institutions de l’État qui chacune à son époque aspiraient à un souffle de modernité.

En arrière plan la cuisine du CHCP, avec en premier plan l’emplacement de l’ancien bassin

 

CHCP

Le CHCP a tendance à souffrir de son image stéréotypé d’asile d’aliénés. Pourtant en son sein œuvre un pôle culturel très dynamique et bienveillant qui cherche à inviter la culture au sein de son établissement pour le faire vivre et briser ce mur invisible qui s’est construit inconsciemment avec la ville et ses habitants. Car le centre, comme toute structure publique, est ouvert à tous. Et l’architecture qui y demeure vaut la peine de gravir la petite colline.

C’est en 1885 que l’État charge l’architecte Jean-Jacques Valleton (1841-1916) de construire à Bordeaux une structure asilaire moderne en accord avec les théories aliénistes de l’époque. Les asiles pour femmes et pour hommes situés respectivement à Saint-Jean et à Cadillac, ne font guère honneur à la république nouvellement en place et aux besoins des patients. Une structure unique, destinée à toutes les classes sociales, proposant des soins à l’eau et pratiquant les électrochocs doit être pensée.

Vue du bâtiment de l’administration depuis la cours intérieure

Jean-Jacques Valleton, Bergeracois, à l’époque architecte départemental, a fait ses armes auprès de Paul Abadie avant d’arriver en 1863 à Bordeaux. Un apprentissage qui se traduit de par son architecture classique en pierre, sobre et symétrique. Pour s’acquérir de sa tache il est gracieusement payé pour aller étudier les architectures asilaires anglaises et parisiennes dont il s’inspirera en partie. A son retour il choisit comme implantation les anciennes terres viticoles du Château Picon qui s’étendent sur pas moins de 24 hectares. Elles sont dans un sens loin de la ville entre Bordeaux et Pessac au cœur des vignobles, mais assez proche pour être reliées au centre par l’omnibus à cheval de l’époque qui passait devant le Château. Le Château justement est un atout selon Valleton, bâti idéal pour accueillir les patients fortunés. A l’époque toutes les classes sociales recevaient les mêmes soins au sein d’une même structure mais elles n’étaient cependant pas logées à la même enseigne. Ce traitement de luxe accordé aux riches contribué à financer le fonctionnement de l’hôpital et les soins des autres aliénés. Sa situation à proximité du ruisseau du Peugue sera elle aussi déterminante pour alimenter le pavillon des bains destiné aux traitements des malades.

L’ancien Château Picon quelque peu transformé pour accueillir les malades fortunés

La construction débutée en 1887 sera relativement rapide. D’une durée de 3 ans, elle accueillera les premiers patients dès 1890. L’architecture de l’ensemble est rationnelle et fonctionnelle, la structure générale propre à la patte de Valleton est symétrique et pyramidale, les bâtiments étant plus haut au centre qu’aux extrêmes. Elle est organisée en peigne, les unités étant desservies par une grande galerie et centralisées autour d’un bâtiment charnière : la cuisine. La chapelle, témoignant de l’action indispensable des Soeurs dans les asiles de ce temps, se détache de la structure au nord et fait fasse au pavillon des bains. Tout autour, des pavillons sont dispersés pour loger une partie du personnel et les malades très aisés. Le tout est ouvert sur des cours végétalisées, un bassin, des serres et potagers et un parc au pied du Château qui offrent un cadre bucolique aux patients tourmentés.

Vue aérienne et description détaillée des usages des différents bâtiments

En 1974, pour en changer l’image et pour marquer l’approche désormais médicale des pathologies, l’établissement a été rebaptisé hôpital Charles-Perrens en référence à un médecin qui y a exercé. Aujourd’hui de nombreux changements notamment internes au bâti ont été opéré, s’adaptant aux nouveaux soins et à l’accueil des malades. C’est certainement l’aménagement paysager qui fut le plus transformé avec la construction de routes goudronnées et de parking au sein du centre, la fermeture et sécurisation des cours entre les unités, l’asséchement du bassin central remplacé par des palmiers ou encore la destruction des serres et jardins potagers au profit d’une extension contemporaine bâtie.

A gauche : intérieur de la chapelle bâti sur le plan d’une croix grecque / au milieu : détail d’un chapiteau décoré de pomme de pin, clin d’œil local / A gauche : détail de la façade principale

Si avec le temps de nouveaux bâtiments sont venus se greffer répondant à de nouveaux besoins, l’unité architecturale du centre demeure pourtant quasi intact. Mais pour combien de temps ? la cuisine, ancien point névralgique du projet de nos jours laissée en désuétude, attend toujours des financements pour accueillir le centre culturel tant espéré du personnel soignant et du pôle culturel. Quand aux deux pavillons de luxe situés à l’Ouest ils seront détruits avant la fin de l’année. Vous savez ce qui vous reste à faire : filez y jeter un coup d’œil !

Photo de gauche : l’extension contemporaine à gauche qui remplace les serres, et les pavillons qui vont être prochainement détruits à droite / Photo de droite : curieux mélange des genres

 

TGI

Non pas que l’étude du TGI nous est échappé durant nos études, mais c’est bien cette fois-ci l’immersion dans une partie habituellement interdite au public qui nous a attiré. Écouter le président du TGI nous exposer sa vision et son vécu du TGI au quotidien, ça n’a pas de prix.

Dans les années 1980-90 l’état lance des appels à projets publics afin de renouveler ses bâtiments judiciaires anciens et d’apporter un souffle de modernité à l’institution tout en améliorant son image. C’est dans ce contexte que le Tribunal de Grande Instance de Bordeaux verra le jour, ouvrant ces portes en 1998 après quelques années de déboire au niveau des concours.
Le projet s’inscrit dans un site stratégique chargé d’histoire comprenant : le fort du Hâ (1453) classé Monument Historique en 1968, l’ancien palais de justice aujourd’hui cours d’appel également classé (1846), l’École Nationale de la Magistrature ENM (1972) et non loin de là la cathédrale Saint-André inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO au travers des chemins de Compostelle. Un défi délicat s’impose donc aux architectes : tisser avec l’histoire tout en clamant une envie de renouveau moderne.

A gauche : vue depuis le 5ème étage sur l’atrium et ses tirants et les “œufs” / à droite : vue sur l’atrium et l’œuvre de Pascal Convert représentant les 1% d’art dans chaque nouvelle construction publique

C’est à travers le symbolisme de la transparence de la justice que l’architecte britannique Richard Rogers trouvera un concept fort pour dérouler le fil de son projet. Reconnu pour ces constructions high-tech aux allures de machines, il se servira du verre pour traduire cette transparence, de structures métalliques pour amener de la légèreté et du bois pour adoucir l’ensemble et faire un clin d’œil aux cuves viticoles de la région. Mais c’est du point de vue du traitement urbain que l’architecte se démarque en prenant le parti de concentrer les volumes du TGI afin de dégager un grand parvis au pied du fort du Hâ. Celui-ci est ainsi mis en valeur tout en magnifiant le portail d’entrée et en offrant de l’espace public supplémentaire aux riverains.

Structurellement, le plan se décompose en 2 parties correspondant aux deux fonctions du palais : les bureaux et les chambres de conseils d’un coté et les salles d’audiences de l’autre. Les deux entités sont séparées au centre par un atrium ample diffusant la lumière et ventilant le bâtiment. Le temps démontrera que le système d’insufflation ne fonctionne cependant pas correctement. Afin de mettre en avant l’activité qui fourmille dans un tribunal, l’architecte place les bureaux à la vue des passants sur le cours d’Albert dans un rigueur architectural des plus conventionnelle au regard du contexte architectural historique. Le soubassement en pierre, volonté imposé de l’ABF, n’était d’ailleurs pas prévu à l’origine. Une transparence qui met mal à l’aise les magistrats, confrontés et exposés aux regards de certains prévenus dangereux qui viennent comparaitre en salle d’audience. Au dernier niveau de ce parallélépipède s’ouvre 1 grande salle de réunion au panorama exceptionnel balayant la ville ancienne à droite jusqu’au constructions modernes de Mériadeck et du CHU à gauche.

A gauche : ouverture zénithale dans une des salles d’audience / à droite : percée et perspective sur le fort du Hâ et en fond la cathédrale Saint-André

Les salles d’audience à contrario, confinées dans un volume évoquant une bouteille de vin ou une tour (à vous de juger), s’élèvent chacune sur leur piédestal en béton. L’intérieur est comme l’extérieur traité en bois. Un bois cependant plus doux, clair qui illumine de sérénité l’espace bercé zénithalement par une lumière quasi divine. L’acoustique y est excellente, et les proportions justes donnent un sentiment de proximité entre le magistrat et son auditoire. 19 ans plus tard, tout le monde continue de se féliciter de la qualité de ces espaces. Enfin les salles sont accessibles par une passerelle qui vient frôler le mur de verre faisant face au parvis. Delà une vue splendide se dégage sur la cathédrale et le fort du Hâ. En faisant un petit effort (ou d’imagination) on aperçoit même l’hôtel de ville au loin. Une preuve que le TGI et la justice gardent toujours un œil sur les pouvoirs de la cité.

Actualités, Dubaï

SEMAINES 7# ET 8# // HYMNE À UNE VILLE COSMOPOLITE

6 juillet 2017

C’est le cœur serré et à 300 à l’heure que nous achevons cette étape à Dubaï. Le cœur serré car parties avec une innocence des plus pures, nous repartons étourdies par l’énergie, la pluralité et le potentiel de cette perle du désert qu’est les Émirats ; à 300 à l’heure car 1 mois de plus n’aurait pas été de trop pour finir de visiter en détail les coins et recoins de l’architecture moderne de Dubaï. Faute de temps il nous a fallu courir et être concises.

Aussi nous avons ces deux dernières semaines enchainé les visites de bâtiments bien ciblés, filmé des ambiances de quartiers, inspecté un chantier, traversé le désert, recueilli les impressions de deux citoyens et interviewé un architecte et un CEO. Rien que ça ! Aussi nous aurions pu vous faire un compte rendu de l’avancement du chantier de la future plus haute structure au monde, ou vous parler d’avantage de Rowen et Tiziano nos deux prochains CITIZEN, ou encore vous raconter notre formidable rencontre avec le grand architecte de Dubaï : Brian Johnson de l’agence GAJ et le CEO du Dubaï Creek Golf Club. Pourtant, nous n’aborderons rien de tout ça dans ce dernier article sur les Émirats. Nous tenions plutôt à vous parler d’une composante essentielle, ci ce n’est la plus influente, qui a fait la ville ici et dont nous avons vraiment pris conscience qu’une fois sur place : la diversité culturelle. Saviez vous que, d’après le rapport de 2015 sur l’immigration dans le monde, Dubaï est la ville la plus cosmopolite au monde ?

Quand on nous demande quel est le plat traditionnel des Émirats, la réponse se fait attendre. Tout simplement car il n’y en a pas vraiment. Le chicken madrooba ? Le lamb machboos ? ou le chicken biryani, le tabouleh et le umm ali ? car si les deux premiers contrairement aux autres sont originaires du Golfe, ce sont bien les 3 derniers qu’on retrouve plus communément dans les restaurants à Dubaï et qui sont de surcroit plus consommés. Pourtant le premier vient d’Inde, le second du Liban et le troisième d’Égypte. Ainsi plus nous expérimentions les différentes cuisines “locales”, plus nous avions l’impression de comprendre la construction de la ville. Les Émiratis à Dubaï ne représentent que 16% de la population, les 84 autres % étant des expatriés dont les 3/4 sont originaires d’Asie et dont la moitié sont des Indiens. Une immigration qui a façonné jusqu’aux agencements et styles architecturaux un désert en manque cruel de contexte.

De vague d’immigration en vague d’immigration, de culture en culture, de quartier en quartier, la ville s’est donc bâtie. Du cœur ancien de la ville sur les bord du Creek jusqu’aux gratte-ciel de la Marina, les communautés s’égrainent par quartier le long de la côte entre le rivage et l’artère principale de Sheikh Zayed Road. Aussi on a trouvé amusant de faire un parallèle entre les plats et boissons que nous avons découvert et les styles architecturaux et quartiers éclectiques de la ville. Ainsi à Bur Dubai et Dera résident les populations installées depuis toujours à Dubaï (“toujours” remontant à plus de 30 ans). On y mange indien, libanais, iranien etc. en somme toutes cuisines du Moyen-Orient et de l’Inde. En parallèle c’est là qu’on retrouve le quartier historique d’Al Fahidi construit par des immigrés iraniens ayant importé la tour à vent et la majorité des souks, ancien mall du Moyen-Orient. Non loin de là, on s’engouffre dans la Hindi Lane, seule rue accueillant un temple hindou à Dubaï, et la culture indienne s’offre à nous.

Bur Dubaï se prolonge avec le quartier de Karama qui vous projette directement en Inde et au Pakistan. Le long des artères, la ville se compose désormais d’îlots bien alignés regroupant des bâtiments modernes de 3 à 5 étages logeant des commerces en RDC et des logements aux étages supérieurs. La nuit, le quartier s’anime et se colore des néons pimpants qui proposent toutes sortes de biens et services à des prix dérisoires. On flâne et se restaure dans de succulents restaurants végétariens du Kerala et des bakeries libanaises.

Si on continue à glisser vers le sud-ouest, on finit par arriver au World Trade Center et à emprunter Sheikh Zayed Road (SZR). Un tout nouvel urbanisme marquant la modernité post-découverte du pétrole et la création des EAU s’élève sous nos yeux. Tout de verre et d’acier, les gratte-ciel s’alignent strictement le long de l’autoroute à 2X6 voies rivalisant de styles et de couronnements. À leur pied, du côté de la mer, contraste le quartier d’Al Satwa avec ses maisons en RDC et ses parkings de sable. Un abaissement comme nécessaire pour mieux apprécier l’éminence de l’allée royale de buildings de SZR. Ainsi, à l’image de la ville, cohabitent deux mondes : l’un où l’on mange des sushis en buvant des cocktails hors de prix sur le rooftop d’une tour, l’autre où l’on chine des valises à 60 dirhams dans de petites boutiques avant de manger épicé à l’indien-pakistanais du coin.

Passé Al Satwa, les habitations et commerces se dissocient et plus on avance vers la Burj Al Arab et les constructions touristiques qui s’en suivent plus les logements deviennent individuels et luxueux. Ici s’étendent Jumeirah puis Umm Suqueim, deux quartiers résidentiels où les commerces et services se concentrent le long de Jumeirah Beach Street et Al Wasl. Il est facile de s’y perdre en voiture une fois rentré dans le labyrinthe des lotissements aux villas et palais plus colossaux les uns que les autres. Le nombre impressionnant de mosquées au km2 nous laisse entendre qu’une importante population d’Émiratis et de riches expatriés musulmans vivent ici côtoyant des populations minoritaires d’Occidentaux et d’Indiens tout aussi fortunées.

Au delà de la Burj Al Arab et de Madinat Jumeirah s’étend le nouveau Dubaï, celui du 21ème siècle encore juvénile, provocateur et flottant, où les programmes immobiliers poussent comme des champignons proposant des thèmes de plus en plus codés. Les terrains et plages gagnés sur la mer de la Palm Jumeirah offrent l’accession à la propriété aux non Émiratis, pendant que le Battuta Mall nous rappelle “subtilement” que Dubaï est un Eldorado mondial dont le Mall est l’emblème, ville artificielle de surcroit.

Nous quittons les Émirats sur un air festif : c’est la fête de l’Aïd El Fitr célébrant la fin du Ramadan ! Nous souhaitions clôturer ce beau voyage en vous partageant notre panorama préféré de Dubaï sur les rives du canal le long de Safa Park. Un brin nostalgiques, une nouvelle page se tourne…

Actualités, Dubaï

SEMAINES 5# & 6# // HUB ARTISTIQUE, CONFÉRENCE, ET SYMBOLES ARCHITECTURAUX A DUBAI

15 juin 2017

Nous entamons notre deuxième mois ici aux Émirats et le temps semble, tel le sable, nous glisser entre les doigts. Nous avons quitté notre paisible communauté pour rejoindre le cœur de Dubaï dans le quartier émirati de Jumeirah 3. Depuis le 27 mai le mois sacré le plus important de la religion musulmane a commencé : le Ramadan. A proximité de minimum 4 mosquées, nos journées sont bercées par le champ des appels à la prière et chaque soir est une fête qui dure jusqu’à 2h du matin. La journée, boire et manger en public est interdit et il est très difficile de trouver un restaurant ou des magasins ouvert excepté dans les malls. Cependant dès le coucher du soleil la ville s’anime et nous expérimentons les Iftars : repas festifs du soir après le jeûne. Une immersion dans la culture locale qui nous ravies les sens et les papilles!

Autre bonne nouvelle depuis notre déménagement dans Dubaï :  on a récupéré une NOUVELLE VOITURE !!! Et dieu sait combien elle est indispensable dans les nouveaux pays industrialisés du XXème siècle. La conduite est une des clés les plus révélatrice pour comprendre un pays. Ces villes, construites à l’aube de l’avènement automobile et de l’urbanisme qui en découle, ne se livrent qu’une fois leurs infrastructures routières parcourues en long en large et en travers.

Une idée de la liberté à cette époque qui malgré de timides efforts pour développer les transports en communs (souvent réservés aux plus démunis) est toujours valable aujourd’hui. Toute transition énergétique se doit de prendre en compte ce facteur “liberté” acquis pendant un siècle. Même si on peut le voir comme un individualisme allant contre la réduction de nos énergies et de notre empreinte carbone, il est pourtant une réalité bien ancrée que les habitants de ces villes ne sont pas prêts d’abandonner de sitôt. Aux EAU, minimum 3mois dans l’année les températures dépassent les 40°C avec des taux d’humidité très élevés. Difficile alors de se déplacer en vélo, encore moins à pied où les 10min de trajet pour rejoindre l’arrêt de bus deviennent une épreuve. Avoir un moyen de transport individuel se veut alors indispensable.

La voiture est l’héritage du XXème siècle ayant eu un des plus gros impacts sur nos villes, et il est essentiel de penser son évolution dans le futur comme nous pensons la réhabilitation de nos bâtiments.

J+35_______ Le nom d’Alserkal Avenue résonne dans tout Dubaï en ce moment. Tout le monde en vante les mérites qui seraient à la hauteur de sa notoriété grandissante. Un tour du quartier s’imposait donc.

Étant à l’origine une zone industrielle commune alignant en rang d’oignons des entrepôts marchands, le quartier d’Al Quoz voit sa destinée changer du tout au tout quand la galerie d’art Ayyam y installe ses œuvres en 2008. Les années suivantes plusieurs galeries, mais aussi des designers et des start-up lui emboitent le pas. En 10ans Alserkal Avenue devient l’un des hubs artistiques les plus attractifs des Émirats se donnant pour ambition de promouvoir les initiatives culturelles notamment contemporaines de la région. Et ça marche : en 2012 la surface investie est doublée, et en 2017 OMA y construit une salle polyvalente prolongeant un espace public ancré au cœur du complexe.

Une reconversion industrie/lieu culturel déjà expérimentée plusieurs fois en Europe mais qui relève de l’audace pour les Émirats. D’abord il y a la démarche de reconversion qui est très peu pratiquée dans un pays où l’argent ne manque pas pour construire et où le foncier est illimité. Ensuite il y le lieu improbable des entrepôts industriels très éloignés du glamour pimpant du downtown ou de la Marina de Dubaï. Et enfin il y le programme très mixte et flexible en réalité comparé aux univers artificiels qu’on a l’habitude de fréquenter dans la ville.

Tout droit importé d’occident, le concept plait particulièrement aux expatriés occidentaux qui en ont fait leur lieu de rendez-vous. Praticable à pied, on retrouve une urbanité à bonne échelle, simple, très quadrillée, où les volumes saillants des entrepôts se détachent. L’esthétique puriste de la tôle est la toile de fond idéale pour installer une signalétique. Elle détaille même parfois la technique du bâtiment de manière très artistique. Une démarche prometteuse qui on l’espère inspirera dans l’avenir de nouvelle reconversion à Dubaï.

J+41_______ Comme vous le savez peut-être nous travaillons depuis notre arrivée à un partenariat avec l’Alliance Française et lundi 5 juin cela s’est concrétise ! Nous avons pu exposer nos recherches à l’occasion du Rendez-Vous du Lundi organisé chaque lundi matin par la médiathèque de l’Alliance et qui rassemble une audience majoritairement composée de femmes expatriées françaises. Très belle rencontre avec un public de 33 personnes (notre record ! ) très réactif et communicatif qui n’a pas hésité en échange à nous partager son ressenti personnel vis à vis de l’urbanisme, de l’architecture et du mode de vie ici à Dubaï. Et si ces nomades du monde étaient finalement les bâtisseurs du patrimoine commun mondial ?

De leurs point de vue ils ont importé ici la culture du dehors, ouvrant les logements sur l’extérieur, multipliant les activités sportifs et de plein air, aménageant les plages et tentant de créer un semblant de vie de quartier et d’espace public qui leur manque tant ici aux Émirats. Il faut dire que la ville nouvelle dans son ensemble n’a pas été pensé pour être parcourue à pied et la rudesse du climat depuis toujours a développé des architectures closes et/ou ouvertes sur des cours internes transparaissant jusqu’au mode de vie recentré sur les activités en famille et en intérieur.
Nous espérons avoir la chance de renouveler cette expérience à Hong Kong. Nous y travaillons. Vous en serez bien évidemment les premiers informés !

J+45______ Parmi les centaines de tours qui composent la skyline de Dubai nous avons trouvé NOTRE COUP DE COEUR dans le quartier fraichement érigé de Business Bay : la Residence 22 Tower.

De toutes les constructions parées de verre que nous avons pu voir ici, celle-ci a su répondre esthétiquement à la contrainte thermique qui est inévitable dans un contexte désertique. Les vitres teintées d’un marron glacé contrastent subtilement avec le blanc coquille d’œuf de la trame décalée en façade. ça change des vitres miroirs aux menuiseries inexistantes d’un certain goût. Élégante, bien proportionnée, minimaliste avec des finitions de qualité, elle trône au pied d’un des canaux que compte le nouveau centre urbain de Dubaï. La liaison avec la berge est fluide et cohérente avec l’ensemble du bâtiment.

22, c’est le nombre d’étages qu’elle comptabilise, proposant à chacun un appartement penthouse de pas moins de 445m2. On vous partage le plan trouvé sur le site internet d’une des agences immobilières. Vous noterez le nombre incalculable de salles de bain qui est définitivement une obsession ici aux Émirats, le dressing qui fait la taille de la chambre mais aussi l’espace réservé à la nanny. Accès privatisé par ascenseur donc, piscine sur le toit, salle de gym en rez-de-chaussée, service de catering, si vous souhaitez y louer un appartement il vous faudra déverser la modique somme de 10 000€ par mois. Et surtout, n’oubliez pas de nous inviter à la pendaison de crémaillère.

Credits : Core Real Estate

J+51______ Il n’est pas nécessaire de chercher très loin pour connaître 2 des bâtiments les plus emblématiques des Émirats… pas plus loin que dans son portefeuille. Le Dubaï World Trade Center et le Dubai Creek Golf Club se sont fait tirer le portrait pour figurer sur les billets de 100 et 20 Dirhams. Deux programmes qui illustrent parfaitement le profil que la ville cherche à montrer au monde entier : un haut-lieu du business et du loisir de luxe.

Tout premier gratte-ciel de Dubaï, le Trade Center se fait remarquer dès sa construction par son emplacement. Alors que la ville se concentre à cette époque autour du Creek avec les quartiers de Bur Dubaï et Deira, Cheikh Rashid bin Saeed Al Maktoum fait le pari d’implanter le cœur des affaires au-delà des limites de la ville. Certes la tour de 39 étages se positionne le long de la fameuse Sheikh Zayed Road qui articule tout l’espace urbain en croissance. Mais quand elle ouvre en 1979 elle est encore située en plein désert et le programme est forcé de s’accompagner de logements et d’un hôtel à son pied afin de loger les futurs businessmen emmenés à y travailler.

Le britannique John Harris – déjà architecte en charge du masterplan de Dubai en 1959 – dessine un bâtiment phare et fait entrer la ville dans la modernité en utilisant la forme de la tour et le béton préfabriqué. C’est donc fidèle à l’esprit marchand des Émiriens que le premier véritable symbole de la ville est un programme de bureaux accueillant une bourse et un parc des expositions. Aujourd’hui définitivement au cœur de la ville, il se détache toujours de la masse des buildings de verre par sa double peau de béton blanc qui le rattache davantage que ses voisins plus récents au climat local. On lui trouve personnellement un petit air des réalisations de Yamasaki à Détroit.

Empruntant sa forme aux voiles des dhows (voiliers arabes traditionnels très empruntés dans la vieille ville), le golf club trône quant à lui au milieu des greens du Dubai Creek depuis 1993.

Dessiné par l’agence Godwin Austen Johnson qui y réalise son premier projet aux Émirats, il surplombe la crique dubaïote et offre un panorama exceptionnel aux golfeurs. Sa notoriété est telle qu’au delà des billets, on le retrouve aussi placardé sur les fresques du tunnel de la D78. Difficile de trouver des bâtiments davantage représentatifs de l’héritage du Dubai des années 1970-90 tant c’est la période dont les ouvrages tendent le plus à être détruits pour laisser place aux nouveaux projets de développement contemporain. (Sans parler bien sûr de la Burj Al-Arab) Il semble cependant que ces deux exemples soient suffisamment ancrés dans les mémoires pour qu’ils soient conservés, même si à l’heure actuelle aucune législation ne les protège encore.

 

Actualités, Dubaï

SEMAINE 3# & 4# // DES BANCS DE L’UNIVERSITÉ AUX PARCS ET MUSÉES DE SHARJAH

26 mai 2017

J+21______Lundi 15 Mai nous étions à Al Ghurair University à Dubai Academic City pour partager aux étudiants du département d’architecture notre vision du patrimoine dans le monde. Première longue intervention en anglais pour nous qui s’est très bien déroulée.

Il fut très intéressant en retour de questionner les étudiants sur ce que représente à leurs yeux leur propre patrimoine. En effet, la quasi totalité, hors mi une étudiante émiratie, sont nés dans un pays du Moyen-Orient, d’Asie du Sud ou d’Afrique. Pourtant s’ils sont arrivés durant leur enfance aux Émirats et ne sont retournés que deux ou trois fois dans leurs pays natals, sans aucunes hésitations leur patrimoine s’est forgé pour eux dans leurs racines. Difficile alors de considérer et donc de conserver un patrimoine aux Émirats qu’ils côtoient pourtant au quotidien et seront les futurs bâtisseurs. La mission de les sensibiliser aux enjeux de cette ressource inépuisable qu’est l’héritage est ainsi essentielle.

Merci mille fois à Tiziano Aglieri Rinella et Ruben Garcia Rubio pour l’invitation!

J+26______ Si Dubaï et Abu Dhabi sont respectivement les capitales économique et symbolique des EAU, Sharjah en est la capitale culturelle. Forte d’une qualité muséale unique dans le pays, couplée à une programmation culturelle riche, elle attire de plus en plus d’occidentaux cherchant à s’éloigner de la frénésie de Dubaï pour retrouver une authenticité.


On retrouve à la tête de l’Émirat, la famille régnante Qassimi descendante des pirates qui attaquaient les navires sur la route de l’Inde. A l’époque, le port de Sharjah était le plus florissant du Golfe. Son ensablement dans les années 50 déplacera malheureusement son activité vers Dubaï. Depuis la découverte de réserves de gaz et de pétrole et son adhésion à la fédération des Emirats en 1971, l’émirat profite d’une toute autre dynamique. Devenu hub industriel et intellectuel, le tissu urbain moderne qui s’est répandu sur les rives du Khalid Lake accueillent désormais des entreprises internationales.

En résulte une ville à bonne échelle, à la skyline harmonieuse, agréable à parcourir à pied ce qui est très rare aux Émirats. On retrouve des espaces publics, arborés comme le splendide Al Nakheel Oasis, structurés comme l’Al Majaz Waterfront ou animés comme les berges du Qasba canal. L’architecture aux codes traditionnels se marrie bien avec les tours modernes de verres et de béton. Le blue souk, construit dans les années 80, est un excellent manifeste de se mélange de style.


Quand à l’ensemble de plot construit le long de l’avenue d’Al Hisn, ça n’est pas sans nous rappeler les tours bordelaises de Meriadeck.

L’exposition “Beloved Bodies II” du Maraya Art Center nous donne un avant-goût prometteur de l’offre culturelle de la ville. Une découverte que nous prévoyons de poursuivre à la Art Fondation de Sharjah en compagnie de deux professeurs en architecture de l’université américaine de Sharjah.

J+30_______ Encore une journée très enrichissante en compagnie de Kevin Mitchell et Juan Roldan, professeurs à l’Université Américaine de Sharjah. Merci! Grace à eux nous saisissons désormais mieux la complexité pour la population des EAU de s’approprier leur patrimoine, si ce n’est même d’en identifier un tant la mixité culturelle brouille l’unité et la construction de la fédération est récente.

Ainsi si la notion première de “patrimoine commun” est délicate, difficile de distinguer des architectures qui la reflètent. La conservation, car il est bien question de ça ici et non d’héritage, si elle a lieu, reste une démarche intuitive voir involontaire. Kevin Mitchell note cependant, après 18ans de vie aux EAU, qu’une prise de conscience et une reconnaissance d’un patrimoine bâti s’éveille doucement depuis quelques années. Reste maintenant à regrouper des experts autour du sujet, voir à en former quelques-uns : encore aucune université aux EAU ne dispense de cours ou de formation sur le patrimoine et la conservation en architecture.

Après avoir croisé les sourires d’étudiants fraichement diplômés, Juan Roldan nous présente les travaux réalisés à échelle 1 au sein de l’école. Le travail est impressionnant. Les machines, à la pointe de la technologie nous subjuguent autant que la qualité des détails de chaque production.

Nous reprenons ensuite les allées “présidentielles” du campus pour nous rendre dans le centre de Sharjah où Juan tient à nous montrer l’Art Foundation. Un subtile mélange de vernaculaire et de minimalisme contemporain s’offre à nous sublimé par la lumière aiguisé du Golfe. Une régénération de tissu ancien comme on les aime. Sur fond de ville moderne, la fondation a élu domicile sur les ruines de l’ancien cœur historique. Elle accueille tout les deux ans depuis 2009 de Mars à Juin la biennale de Sharjah. Encore un excellent exemple de la richesse et du dynamisme culturel de la ville. La pureté blanche des nouveaux bâtiments magnifient, toujours avec beaucoup de retenu, les lignes rugueuses des murs en corail. On est sous le charme, on vous laisse admirer.

Actualités, Dubaï

SEMAINE 2# // PREMIERS PAS DANS L’ÉMIRAT D’ABU DHABI

10 mai 2017

Aux États-Unis, Alex et Jenny chez qui nous logions à Détroit en Airbnb, nous ont familiarisé avec le système d’échange de service Workaway. Ayant un budget limité pour cette deuxième étape, nous avons choisi cette option pour économiser le coup du logement à Dubaï et Hong Kong. Nous passerons donc tout le mois de Mai au sein d’une famille habitant à la frontière entre les émirats de Dubaï et Abu Dhabi. Joanne, Samir et leurs 4 enfants se sont installés il y a 8ans aux EAU et vivent depuis quelques années maintenant dans une “gated community” appelée Al Ghadeer en plein milieu du désert.
Réalisée à seulement 10% du projet immobilier initial, il est cependant déjà très facile de se sentir immergé dans une ville une fois à l’intérieur de la communauté. Les commerces et services (épicerie, café, salles de sport, piscines, terrain de tennis, jardin d’enfant etc.) offrent activités et facilités dans un cadre idyllique, verdoyant et très bien entretenu de tel manière que vous ne ressentez pas le besoin d’en sortir. Le seul risque est d’ailleurs de ne jamais en partir ! Il manque cependant un esprit de quartier qui est essentiel au concept de la communauté. La population, exclusivement composée d’expatriés, semble ne pas trop chercher à établir des liens solides et à faire vivre les rues du fait qu’ils ne s’installent pas ici durablement. Un parfum de vacances se ferait presque sentir au bord de la piscine et ce n’est qu’une fois à l’orée du “village” qu’on revient à la réalité : nous sommes en plein milieu du désert.

J+6_____ Avant de rejoindre notre famille d’accueil logeant à la frontière entre Dubaï et Abu Dhabi, nous profitons de notre situation centrale pour faire un tour dans l’un des premiers grand parc de la ville : Safa Park.

Construit en 1975 sur le site d’un ancien bidonville clandestin, il se trouvait à l’époque en périphérie de la ville à 10km du centre historique. Destiné à être l’échappée du week-end pour les Dubaïotes, il remplit son rôle pendant 9 ans avant d’être agrandi et équipé de jeux et services suivant deux plans de réaménagements successifs en 1984 et 1989. Le style architectural des quelques bâtiments qui ponctuent le parc (porche d’entrée, café, restaurants) témoignent de cette époque, allant de formes organiques à une géométrie moderne en passant par l’utilisation du béton paré de couleurs pastels ou blanches.

Lieux prisé durant les années qui suivirent la fin des travaux en 1992 : barbecues à disposition, jeux de ballons sur les larges pelouse recouvrant 80% du parc, pic nique sous les palmiers dattiers, il voit la ville se construire et l’encercler de toutes parts. Safa Park se trouve aujourd’hui au centre de la ville et en subit les conséquences. Atrophié de la moitié de sa superficie pour faire passer un grand canal destiné à immerger la très récente Business Bay, il revit une longue période de travaux ces dernières années et perd à la fois de son charme et de sa popularité. Ré-ouvert il y a peu, toujours aussi fleuri malgré les 40°C et soigneusement entretenu, les gens ne s’y pressent pourtant plus. Ne sont-ils pas informés? Ou le Safa Park aurait-il fait son temps? A Dubaï, comme à l’image de la mode, les goûts pour les attractions changent très vite, et même la ville à l’échelle urbaine en paye le prix.

 

J+10______ Incontournable, bijou ultime du Sheikh Zayed bin Sultan Al Nahyane, dès notre première semaine dans l’émirat d’Abu Dhabi la Grande Mosquée nous livre ses trésors.

Visible à des kilomètres, son positionnement à l’entrée de la ville est évidemment stratégique. Destiné à être le joyau des Émirats Arabes Unis, elle est devenu en moins de 10ans le symbole national et un culte de l’ouverture de l’Islam au monde. En effet, la Grande Mosquée est une des rares visitables dans le pays du moment que vous revêtissiez l’Abaya traditionnelle ou vous couvrez très convenablement.   

Construite en 12ans de 1995 à son ouverture en 2007 à l’occasion de la grande prière, la structure de la mosquée repose sur 6000 piliers d’acier plongeant à 27m de profondeur. Abu Dhabi est une succession d’îles sablonneuses qui rendent systématiquement la réalisation des fondations délicate. Son ossature d’acier et de béton est entièrement recouverte de marbre blanc (coloré pour les décors) soit 120 000m2 de panneaux. Son éclat et son élégance dessinent des ombres nettes aux angles et des reflets lumineux sur le sol. L’architecture est à l’image souhaité par le Sheikh : un mélange de modernité et de tradition. Les formes purs du lieu de culte qui se découpent nettement sur le bleu du ciel, contrastent avec son intérieur très travaillé et ornementé, aillant fait appel aux matériaux et savoir-faire artisanaux du monde entier.

Son organisation, ses 82 dômes, ses 1000 colonnes et ses arches, reflètent le style traditionnel de l’architecture islamique dans une simplicité très moderne. A l’intérieur l’or domine, recouvrant des lustres de 24 carats, ré-haussant les chapiteaux des colonnes et soulignant la base des dômes en écriture arabe graphique. Le tapis de la salle de prière est le plus grand tissé au monde et fut monté en 9 pièces par un artiste Iranien. Quand au lustre central illuminant le dôme principal de 85m de haut et environ 30m de diamètre, il est l’un des plus large au monde, importé d’Allemagne et possède en son centre un escalier permettant l’entretien de ses diodes électroluminescentes.

Nous nous éloignons lentement au son des imams qui lisent le Coran H24, encore éblouies par la beauté de la mosquée qui en plus d’être un nouveau symbole de l’architecture récente des Émirats, démontre bien que modernité et tradition peuvent donner un beau mariage.

J+2______Petit tour du coté d’Abu Dhabi aujourd’hui plus précisément sur l’île principale sachant que la capitale des Émirats en compte plus de 200. Émirats le plus riche en pétrole, 80% de sont PIB provient de cette ressource. Dès sa découverte dans les années 60 et après que les Émirs ai créé la fédération des Émirats Arabes Unis en 1971, la ville s’est considérablement développée.

Nous arrivons par l’île de Saadiyat Island où nous apercevons au loin les grands travaux des futurs musées aux renommées mondiales tel le Louvre de J.Nouvel ou le Guggenheim de F.Gehry. Nous entrons ensuite dans le Zayed Port où un ancien entrepôt se démarque parmi tant d’autres anonymes. La Warehouse 421, ouvert il y a à peine 2ans, ambitionne d’être le catalyseur d’un nouveau quartier culturel. La fondation Salma bint Hamdan Al Nahyan a fait appel à l’agence Danoise BIG pour démocratiser l’art et marquer le coup. En résulte une reconversion intéressante reposant sur un jeu de patios pour éclairer indirectement les œuvres, une conservation de la structure métallique antérieur et des réseaux mis à nu jouant avec la structure filaire de l’exposition en cours. L’exposition : “Lest we forget”, donne une perception de ce que les émiraties considère comme leur héritage : parfum, perles, henné, burqa, khôl, dagues, bijoux etc. Cependant, comme il ne représentent que 16% de la population de nos jours et vivent très aisément, difficile de le percevoir au quotidien dans la ville.

Après un tour par le fish market dont les effluves imprègnent le port entier, nous faisons une halte au Heritage Village dont on nous a dit tant de mal. Une reconstitution grossière bafouant l’art constructif des peuples de pécheurs et nomades du désert d’autrefois. Ce “village”, vitrine d’impostures, ne leur rend malheureusement pas hommage. Rien n’est lié, les explications sont simplistes, l’atmosphère trop touristique. Le seul atout est son emplacement idéal sur la plage offrant un panorama splendide de la ville XXème : soit rien à voir avec l’historicité du village… La flore luxuriante adoucit un temps soit peu la “carte postale”. Une preuve encore une fois que le pays est en contradiction avec les valeurs qu’il souhaiterai accorder à son patrimoine et l’intérêt réel qu’il y porte.

Pour finir la journée direction l’Emirates Palace pour une dernière visite luxueuse histoire d’avoir des étoiles dans les yeux avant de rentrer. 7 étoiles c’est justement le classement que s’est autoproclamé cet hôtel aux aires de palais ocre du désert rouge. A l’intérieur tout n’est qu’or, marbre et volutes dans un style oscillant entre art nouveau et art déco. Le gouvernement, souhaitant transmettre à travers ce bâtiment la splendeur de la culture arabe, a investi pas moins de 3 milliard de dollars pour relever le défi. 2ème hôtel le plus couteux jamais construit au monde, il garde pourtant la modestie de laisser rentrer nombres de visiteurs qu’ils soient invités à des évènements (l’hôtel possède plusieurs salles de conférences et un auditorium) ou en possession du mot de passe “nous venons pour aller au restaurant/café”. A bon entendeur. 😉

Actualités, Dubaï

SEMAINE 1# // BIENVENUE A DUBAÏ

2 mai 2017

J+1____ BIENVENUE A DUBAÏ !

La ville de la démesure immobilière et financière sera notre terrain d’investigation pour les deux prochains mois. Mieux préparées et mieux armées en matériel que lors de notre étape aux US (téléphone tout neuf) les photos et Posts seront plus fréquents. Nous espérons ainsi vous embarquer au plus près de nous dans cette deuxième et ultime aventure.

24 avril 2017 – L’équipe prête à décoller pour Dubaï à l’aéroport CDG de Paris

 

 

 

 

 

 

J+1______ On commence aujourd’hui avec une visite du coté de Jumeirah 1. Typique des sanctuaires chiites persans, la Mosquée Iranienne se démarque des 700 mosquées de Dubaï de par ses détails en brique et céramique vert et bleu d’une finesse inégalée.

Un peu plus loin, la Jumeirah Mosquée illumine et rehausse à elle seule la sobriété du quartier. Élevée en 1975, ses dimensions de taille lui permettent d’accueillir plus de 1000 fidèles.

Après un petit tour par la plage d’open beach on finit la journée par une traversée du quartier d’Al Satwa très animé aux abords et où sont concentrées en son sein des habitations d’ouvriers étrangers notamment pakistanais. La simplicité des modestes bâtisses en RDC contraste avec la vague de gratte-ciel de Sheikh Zayed Road. Disséminées au milieu d’immenses parking où stationnent bus scolaires et bus d’ouvriers, quelques toits comptent des rêveurs allongés et engourdis, le regard perdus dans les tours de bureaux. A quoi songent-t-ils ? La nuit a gagné Dubaï il est temps de rentrer.

J+2______ Pour nos premiers pas dans la ville de Dubaï nous séjournons dans le quartier indien de Kamara non loin de Al Bastakiya, Bur Dubai et Deira que nous parcourons aujourd’hui. Dans les quartiers Est de la ville les cultures se mélangent et cela se ressent autant dans la cuisine que dans l’architecture. Plats indiens, iraniens, indonésiens ou japonais étonnent nos papilles et ils et parfois difficile à Dubaï d’identifier un style architectural tellement les symboles se superposent.

Situé au bord du Creek, Al Bastakiya est le cœur historique de la cité, bâti fin 19ème par des marchands perses venus d’Iran. Conservé en tant que tel et bien que figé dans une langueur hôtelière et commerçante, il témoigne d’une architecture ancienne du désert tout en sable, corail et mortier, surmontée des emblématiques tours à vent. Les intérieurs discrets ne sont que quiétude.

Sortant de cette enclave dans la ville 20ème où le temps semble s’être arrêté, nous traversons Bur Dubai, ses rues animées de boutiques de vêtements d’Orient et de bijoux. Pour traverser le Creek nous empruntons un abra pour 1 modeste dirham et longeons d’imposants boutres colorés (bateau traditionnel) A notre arrivée, les souks aux épices et bien plus encore n’attendent que nous. Inévitablement et joyeusement nous nous y perdons.

Bien que nous l’ayons trouvé dans ce dédale, l’Al Ahmadiya School, la première école publique construite à Dubaï en 1912, n’a pu nous ouvrir ses portes pour cause de travaux. Même constat pour l’Heritage Village de Shindagha. Bien que ce soit signe d’une considération et valorisation par la ville de son héritage, de notre coté on se confronte déjà au fameux mythe de la ville en perpétuelle construction.

J+3______ Nous quittons les rues animées aux néons colorés de Karama pour Jumeirah 3, quartier résidence paisible et cossu se donnant des airs de Venice Beach. Les façades blanches immaculées des grandes villas se parent de vitrage réfléchissant pour se protéger de la chaleur. Elles contrastent avec les larges pelouses verdoyantes bordées de palmiers dattier pour les plus riches. Il fait 38°C, autour tout n’est que désert… normal.

Nous nous arrêtons en chemin vers la côte au Majlis Ghorfat Umm-Al-Sheif. Construit en 1955 au milieu d’un modeste quartier de pêcheurs disséminé au milieu des palmiers, la résidence secondaire du Sheikh Rashid bin Saeed Al Makhtoum a accueilli le Sheikh durant plusieurs étés, reçu d’importants conseils avant d’héberger un poste de police dans les années 60. Prise en considération dans le nouveau plan d’urbanisme des années 70-80 elle fut conservée et un décor intérieur d’époque a été recréé.

Long de 14,90m par 7,70m, bâtie traditionnellement en bois, corail et gypse elle est orientée favorablement au vent prodiguant une excellente ventilation sous les arcades en RDC et aux travers des nombreuses portes et ouvertures à l’étage. Les visiteurs ne s’y pressent pas, pourtant, l’élégant bâtiment donne à voir et est très agréable à vivre.

Nous atteignons la côte et apercevons au loin notre but du jour : la Burj Al Arab. Il nous faudra 6km de marche le long des plages publiques de Jumeirah et d’Umm Suqeim Beach, prisées des expats’, pour l’atteindre. Sous 38°C un vrai challenge ! Au début des années 90, Dubaï en pleine expansion se cherche un symbole. Quoi de plus emblématique qu’un hôtel autoproclamé 7 étoiles dans la ville de l’immobilier et du tourisme de luxe. Dessinant un voile de boutre gonflée, elle émerge d’une île entièrement artificielle, orientée de telle manière que la tour n’ombrage pas la plage. Elle fait face au Jumeirah Beach Hotel anciennement Chicago Beach Hotel précurseur de sa catégorie bâti en 1977 qui fut démoli pour laisser place à un nouveau standing plus moderne, vitré, ondulant à l’approche de la “boutre du Burj Al Arab”. Malgré une tentative ratée de nous infiltrer dans le beach club, il est impossible d’approcher la tour sauf si nous y allons prendre le thé pour 70€ chacunes (on hésite à faire une cagnotte X) )

Notre journée s’achève au Madinat Jumeirah. Un gros complexe d’hôtels, boutiques et restaurants aux allures de néo-casbah qui contrairement aux malls plus contemporains essaye de recréer un quartier artificiel. Le résultat est plutôt réussi, à bonne échelle, très agréable à parcourir et les berges illuminées offrent un cadre délicieux la nuit tombée.

J+4______ Dans la ville de tous les records, une visite du coté du gigantesque complexe dans le downtown construit par le géant de l’immobilier dubaiote Emaar Properties s’impose. Ici tout est démesure : couvrant une surface de 1,1 millions de m2, regroupant 1200 boutiques et pas moins de 400 restaurants, le Dubaï Mall a été conçu pour ne pas avoir d’égal au monde. Aquarium, patinoire, multiplex, parcs d’attraction, chutes d’eau et bassin d’eau aux fontaines chantantes surdimensionnées, tout est mis en œuvre pour divertir tous les âges et toutes les bourses.

Un temple de la consommation dont il est intéressant de noter sa classification en 2014 en tant que “site touristique” le plus fréquenté au monde (75 millions de visiteurs). Nos musées et monuments historiques, reflets d’une toute autre vision de la culture, ont des cheveux blancs à se faire. 

Au pied du bassin d’eau qui articule les différents programmes (hôtels, résidences, mall, opéra etc.) se dresse celle qu’on ne présente plus : la Burj Khalifa. Pas moins que la tour la plus haute du monde avec ses 828m de haut. 12 000 ouvriers s’y sont affairés pour la construire en seulement 5 ans. Devant initialement mesurer 560m elle a été revue à la hausse en vue de projets concurrents plus élevés. Initialement appelée Burj Dubaï, la crise est passée par là en 2008 et Emaar en difficulté financière décide de la baptiser au nom de son nouveau financeur le Sheik Khalifa bin Zayed Al Nahyane d’Abu d’Abhi qui y investit 10 milliard de dollars. Son plan à trois branches et son étagement progressif en pallier lui confère une grande élégance et légèreté qui n’est pas sans nous rappeler la Trump Tower de Chicago.

Sceptique à notre arrivée au vue de la fréquentation du mall, les heures suivantes nous ont persuadées du contraire, les allées étant noires de monde à 20h. Ville intériorisée, consommation artificialisée, quel avenir pour ce complexe quand le nouveau programme d’Emaar à Dubaï Creek Harbor verra le jour?

Pour terminer, petit coup de cœur pour les spectacles de fontaines ondulant au rythme de la musique et illuminant de mille feux. Un beau spectacle gratuit changeant toutes les demie-heure qui surpasse il est vrai les célèbres fontaines du Bellagio à Vegas.